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                     DE LA SONNERIE DES CLOCHES                                    121
 deux ouvrages d'un temps où le langage n'était pas encore faussé
 par les néologismes, on trouve : Bourdon, insecte du genre des
abeilles. Bourdon, terme d'imprimerie. Bourdon, bâton de pèle-
rin, et en musique, bourdon, un des jeux de l'orgue, ou la basse
continue delà musette, de la cornemuse et delà vielle, et faux-
 bourdon, contre-point écrit note pour note. Si, par analogie, on a
considéré la plus grosse cloche d'une sonnerie comme la basse con-
tinue des autres, si, en raison de cela on lui a donné le nom de
bourdon, comme à Paris, à Sens et en d'autres métropoles, cette
extension du sens littéral n'aurait pas dû se produire à Lyon,
parce que les orgues et la musique étant défendus par les anciennes
règles, ce terme de la langue musicale ne pouvait monter du
chœur au clocher.
   La sonnerie de Saint-Jean était anciennement de neuf cloches;
il n'y en a plus que six. On les sonnait toutes aux fêtes de
 Grossa Campana1; cela se pratique encore, comme nous l'expli-
querons bientôt. La seconde cloche pèse huit milliers; la troisième,
quatre milliers; la quatrième, quinze cents livres; la cinquième,
neuf cents livres, et la sixième, six cents livres.
   Dans les autres églises, la sonnerie est organisée sur les mêmes
bases : une grosse cloche servant de point de départ à une réu-
nion diatonique d'un certain nombre d'autres, un fragment de
gamme partant de la tonique pour s'élever au moins jusqu'à la
quarte supérieure, ou partant de la quarte inférieure pour aller à
la tonique.
   Il serait téméraire de prétendre qu'on sonne à Lyon comme aux
premiers siècles, ou même à l'époque antérieure aux boulever-
sements liturgiques imposés par Mgr de Montazet. On a renou-
velé les cloches, on en a augmenté ou diminué le nombre, et cela
sans suivre exactement le modèle des précédentes. En outre,
comme il n'a jamais existé de notation écrite à cet usage, il est
impossible de comparer le présent avec le passé. Je crois néan-
moins à un mode général de sonnerie, analogue dans son ensemble
à celui des temps antiques. J'ai deux raisons pour cela : la pre-
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    On sonne les cloches en -vannant, c'est-à-dire sans leur faire dépasser la position
horizontale, ou sur gorge, en les faisant rester par intervalles dans une position
complètement renversée, la cloche décrivant un cercle complet dans son évolution.