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122                  LA REVUE LYONNAISE
mière est que le mode ne se retrouve pas ailleurs; la seconde
vient de son style sui generis et éminemment liturgique, surtout
à la Primatiale, qui est restée, grâce à son chapitre, attachée aux
anciens rits jusque clans leurs moindres détails. On pourrait ajouter
une troisième considération, c'est l'importance de la sonnerie
comparativement à celles des autres villes; on sonne tous les jours
et pour tout ce qui se fait à l'église, depuis l'Angelus et les messes
basses jusqu'aux simples appels du viatique et de la prière. Aux
veilles et aux j'ours de grande fêtes, Lyon devient, en réalité, la
ville sonnante. De toutes parts de joyeux carillons retentissent ;
on comprend que l'on est dans un centre d'action religieuse, dans
une ville catholique dont la foi se manifeste en même temps que
la vie, et non dans une de ces villes mortes, éteintes, étouffées
sous le matérialisme et le respect humain, comprimées par la
crainte de déplaire au inonde et d'enfreindre des convenances
irréligieuses. Ce n'est plus la sonnerie timide de Paris, osant à
peine faire concurrence aux bruits de la rue. Lyon touche aux
régions méridionales où l'on vit en dehors, où toutes les voix sont
éclatantes.
    Dans le nord, dira-t-on, les carillons ont une grande célébrité
et l'on vante ceux delà Flandre bien plus que les sonneries incon-
nues de Lyon. Je le sais, et je ferai observer que ce qu'il y a de
beau et de poétique est dû, là comme ailleurs, à l'influence catho-
lique (elle seule empêche l'atrophie de l'esprit humain), et aussi à
l'influence méridionale exercée par la domination espagnole. Que
sont maintenant ces merveilleux carrillons? Une musique dans
les airs parfaitement semblable à celles que l'on entend en bas au
théâtre et dans les con.certs; une musique en tout cas fort peu en
rapport avec les fêtes et les cérémonies de l'Église. Le carillon-
neur est un dilettante jouant d'un instrument à cloches, comme un
autre jouerait du piano. Je me souviens d'avoir entendu, k Anvers,
le clocher de la cathédrale lançant à toutes les heures sur la ville
la tyrolienne de Guillaume Tell. Je n'ai donc pas à m'occuper
de ce genre, dont je laisse volontiers la palme à la Hollande et
à la Belgique. Il est vrai, que plus d'un sonneur lyonnais tombe
dans l'abus, non moins blâmable, de jouer les airs les plus vul-
gaires, et même de les jouer sans avoir toutes les notes néces-