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60 LA R E V U E LYONNAISE riale, chargé par le gouvernement prussien de publier dans le Cor- pus inscriptionum grsecarum et romanarum, les inscriptions de la Gaule : « Pauvres et peu nombreux sont les restes de l'ancienne ville de Lyon parvenus jusqu'à nous. Quelques colonnes, quelques pans de murs, quelques arcs isolés du grand aqueluc qui jadis pour- voyait Lyon d'eau potable amenée du Mont -Pilât ; voilà tout ce qui a survécu au naufrage des siècles. Sur le vieux Lyon païen s'est superposé le Lyon moderne chrétien. Où l'on voyait autre- fois, suivant la tradition, l'ancien Forum, se dresse aujourd'hui l'église de Notre-Dame de Fourvière, couronnée de sa colossale f statue de la Vierge Marie. Sur l'emplacement du grand hospice de l'Antiquaille s'élevait, suppose-t-on, le palais impérial, rési- dence des gouverneurs. Même l'imagination la plus hardie serait impuissante à se faire, à l'aide de si pauvres vestiges, une idée de ce passé disparu. « Malheureusement, ajoute M. Hirschfeld, les écrivains eux- mêmes ne nous offrent qu'un bien faible dédommagement. Tacite ne s'est occupé que des faits généraux de l'histoire de Lyon ; mais des destinées de la ville et de ses habitants, les historiens n'ont rien à nous en dire. Par hasard seulement, une lettre de Sénèque, adressée à un ami né en Gaule, nous apprend que, cent ans après sa fondalion, et sous le règne de Néron, Lyon fut la proie d'un incendie qui, dans l'espace d'une seule nuit, réduisit en cendres, avec ses somptueux monuments, la florissante ville, déjà , à cette époque, l'ornemeiit de la Gaule. Même une catastrophe si terrible, d'après le tableau qu'en fait Sénèque4, survenue à l'une des plus la présence des Prussiens autour de ce monument si précieux à tous égards, j'en prévins le Préfet, M. Ducros, qui accorda de suite les fonds nécesaires pour son acquisition et son transfert au Musée. M. Martin Daussigny m'écrivit alors la lettre suivante. « Vous ayez fait merveille par votre très bonne et très excellente inter- vention auprès de M. le Préfet ; merci donc mille fois de votre bon et puissant concours. Je ne voudrais pas en abuser, mais je prévois à l'horizon, qnelque chose où j'en aurai besoin encore. » Signé: « Martin Daussigny. » Je n'ai pas basoin d'ajouter que M.Martin Daussigny soumit à un lavage par des acides ce fombeau, ainsi que tous les marbres antiques du Musée, et leur a causé un tort irréparable. i Séiièque, dans sa lettre à Lucilius, en parlant de l'incendie de Lyon, sousNéron, dit que Lyon, avant cette catastrophe, était une ville riche et puissante, « civis arsit opulenta. » Elle renfermait des édifices dont la magnificence et le nombre aurait suffi pour embellir et illustrer plusieurs villes ensemble. « Tôt pulcherrima opéra