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               LES CHAMBRES DE MERVEILLES                           57

Ces étrangers se nommaient Gabriel Simeoni, Gruter, Golnitz,
Peiresc.
   En même temps que ces hommes de grand savoir fouillaient
le sol, recueillaient pieusement les épaves des vieux temps et les
décrivaient, de nombreux amateurs formaient ce qu'ils appe-
laient des Chambres de merveilles ou cabinets de curiosités. Sur
leurs tablettes ils rangeaient avec méthode les bronzes, les mé-
dailles, les terres cuites, les statuettes, les bijoux, les camées, les
intailles que les fouilles faisaient surgir du sol. Les médailles an-
ciennes étaient même si nombreuses, qu'un écrivain demeuré ano-
nyme a pu écrire à la fin d'un exemplaire de l'Histoire de Lyon
de Paradin, ayant appartenu aux Augustins de la Croix-Rousse,
les lignes suivantes : « Les médailles sont en si grand nombre
dans la dite ville que quasi la quantité fait mesconnoitre la vérité,
ou donne indice que çayent esté espèces de monnoye, parce qu'il
y en a trois ou quatre telz en la ville qui en pourraient fournir-
plus de deux mille d'or fin, et dix fois autant d'argent, et est le
nombre de celles de bronze et de cuivre si grand que chascun en
est fourni ».
   Les débris qui jonchaient alors le sol lyonnais étaient nombreux.
Malheureusement l'aspect des lieux avait bien changé durant
mille ans, et les savants se trompèrent souvent dans leurs appré-
ciations historiques, jugeant l'état des choses anciennes d'après ce
qu'elles étaient de leur temps, car de tous les grands monuments
élevés par les Romains, pas un seul, sauf le tombeau des Deux
Amants et une partie des aqueducs, était resté debout. L'herbe
et les ronces recouvraient leurs ruines, et leurs matériaux
avaient même été employés, pour la plupart, à la construction
de nombreuses églises ou chapelles élevées pendant le long
cours du moyen âge. C'est donc presque toujours sous terre
que les savants de la Renaissance durent chercher, à Lyon, les
vestiges de l'antiquité romaine. Une circonstance les aida dans
 leurs investigations. A ce moment, la ville prenait une grande
 extension. Trop resserrée dans ses vieux murs, elle franchissait
 ses remparts crénelés pour s'étendre autour d'eux, eu portant
 plus loin la ligne de ses fortifications dont elle ne pouvait se
 passer pour sa sécurité souvent menacée par les ennemis du dehors