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58                   LA REVUE LYONNAISE
 et du dedans. Comme l'a fait remarquer avec tant de justesse,
 M. Vermorel qui achève, en ce moment, son magnifique plan de
 Lyon, au moyen âge, l'accroissement de la ville était déjà consi-
 dérable, en 1542. On lit, en effet, dans les registres du consulat,
 sous la date du 11 septembre de cette année, les lignes suivantes :
 « Lyon, avant l'établissement des foires et le passage ouvert en
 Italie, n'estoit qu'une pauvre et petite ville, mais, depuis, un grand
 nombre d'artisans et gens de mestiers s'y rendent pour y tenir
 boutique et besogner. La ville s'est accrue non-seulement de
 moitié, mais des quatre cinquièmes, tant par le nombre des gens
 de mestiers que par les maisons qu'on y a élevées, depuis 1493,
 époque du dernier recensement. » Ces constructions amenèrent la
 découverte d'un grand nombre de vestiges de monuments ro-
 mains, mais beaucoup furent perdus pour toujours. La ville ne se
 réservait pas alors, comme aujourd'hui, les objets d'art découverts
par les fouilles, et on en employa beaucoup comme matériaux,
 en les brisant.
    Toutefois,il se rencontra alors deux hommes de goût et desavoir
qui, contristés de la mutilation journalière des nombreux débris de
 monuments anciens quijonchaient le sol ou se rencontraient dans
les fouilles, se complurent à les réunir et à leur donner un abri.
Ce furent Pierre Sala et le président Bellievre. Le premier, Pierre
Sala, possédait une propriété dont le sol en était si rempli qu'il
n'eut qu'à les exhumer ou simplement à les redresser. Cette pro-
priété était ce qui avait formé jadis la résidence des empereurs ou
des gouverneurs de Lyon, et à laquelle on donna le nom'de l'Anti-
quaille, qu'elle retient encore de nosjours, à cause des nombreuses
antiquités qu'on y voyait. Le président de Bellievre, non moins
passionné que Pierre Sala pour l'antiquité, mais plus savant que
lui, réunit aussi dans le jardin de son hôtel, situé près l'Eglise
Saint-Georges, tout ce qu'il put réunir d'antiquités, et ce jardin
garda longtemps le nom de Jardin des antiques. Mais ces
Musées, en plein air, dont je parlerai plus loin, avec quelques
détails, n'eurent malheureusement qu'une faible durée. L'hôtel de
l'Antiquaille devint une communauté religieuse de filles peu por-
tées pour l'archéologie romaine, et celui du président Bellievre fut
acheté parles religieux Trinitaires, qui avaient plus de souci de la