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             LE PRÉTENDU TOMBEAU DES PAZZà                         277
    Il résulte de cette intéressante communication que André Rolland
 ne fut pas l'auteur de la seconde épitaphe, comme l'a dit'Guiche-
 non, mais de la première, et que, par conséquent, celle-ci a été
 rédigée de 1465 à 1470. La date de ce monument littéraire se trouve
 ainsi déterminée avec précision, à cinq ans près.
     Pour ne rien omettre de ce qui peut nous éclairer à cet égard,
je rappellerai l'erreur de date qui, dans la seconde épitaphe, fixe
l'année de la mort du duc Louis à 1466 au lieu de 1465. Cette
 erreur que l'on n'avait pu expliquer avec vraisemblance, me paraît
 confirmer encore la date récente de l'épitaphe. Le duc Louis est
mort le mardi 29 janvier 1465 ; à cette époque, on faisait en France
commencer l'année à Pâques et cet usage ne fut aboli qu'en 1564*
 si bien que le 29 janvier 1465, compté a la manière française, cor-
respondrait à 1466. On peut supposer dès lors que le poète, auteur
de l'inscription, ayant souvenir de l'ancien usage qui venait d'être
aboli, aura cru faire preuve d'habileté et de science en rétablissant
.a date exacte de 1466. L'intention était excellente et l'inspiration
 udicieuse, mais la date de 1465 n'avait pas été fixée à la française,
elle était conforme au comput moderne, et l'auteur en voulant cor-
riger a commis lui-même une méprise.
    Cette explication est la seule que l'on puisse alléguer pour j u s -
tifier cette erreur ; ne tend-elle pas à prouver que l'épitaphe a été
écrite peu après l'édit de 1564 qui a fait commencer l'année à Pâ-
ques, et ne vient-elle pas à l'appui des conjectures que j'ai dé -
 veloppées ?
    Il ne reste plus qu'à démontrer le fait des mutilations dont on
accuse la reine Marie deMédicis. Il est très vraisemblable, quoique
à vrai dire, on doive plutôt l'attribuer à Henri IV lui-même. Cette
année 1600 était en effet l'époque où, plein d'irritation contre le duc
de Savoie, il se préparait à marcher contre lui. Dans une telle dispo-
sition d'esprit, il ne dut pas voir d'un bon œil le monument élevé
dans son propre royaume à son ennemi acharné, lire les qua-
lifications de sérénissime et d'illustrissime qui étaient données aux
princes Savoyards, de remarquer les armes et les insignes sou-
verains qui surmontaient la tète des lions servant de support aux
 écussons. Il est d'ailleurs caractéristique que ces mutilations
n'avaient pas l'aspect d'un acte de vandalisme brutal et aveugle,