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278 LA REVUE LYONNAISE mais qu'elle furent faites avec soin, dans le but bien déterminé de faire disparaître certains insignes, certaines formules» tout en res- pectant dans le monument ce, qui était purement honorifique et funéraire. La tradition était donc exacte quant au fait lui-même; elle avait été simplement altérée par les conjectures d'un écrivain qui, séparé des événements par une période de soixante-quinze années, voulut corroborer, à l'aide d'explications historiques,un incident dont le souvenir s'était conservé dans le monastère. Le narrateur ne tenait cette tradition que de troisième main. Un seul fait était bien certain : la suppression de l'épitaphe, des armoiries et des couronnes, sans autre altération du monument ; cela ne pouvait être mis en doute, puisque les preuves matérielles en étaient visibles, et le furent jus- que versl780, époque où le couvent fut supprimé, puis démoli ainsi que la chapelle, et tous les matériaux et œuvres d'art dispersés et perdus. Une seule particularité a pu être transmise avec exactitude, c'est que ces mutilations furent opérées à la suite d'une visite de Marie de Médicis à la chapelle des Célestins. Il est fort vraisemblable que ce fut elle qui fit connaître au roi l'existence du fastueux monu- ment élevé à la maison de Savoie ; mais l'ordre de faire disparaître tout ce qui rappelait ce souverain ennemi, dut être donné par le roi plutôt que par la reine. Il n'est pas étonnant que le religieux qui se fit le premier écho delà tradition, probablement jeune no- vice à l'époque de l'événement, ait ignoré cela. Cette légère nuance importe peu et ne change rien à la nature du fait lui-même ; il n'y a qu'une conclusion à retenir de tout cela; c'est que le pré- tendu tombeau des Pazzi n'a pu être que la sépulture réservée des ducs de Savoie où furent déposés le cœur et les entrailles de Louis Ier, et qui, détruit en 1562, fut restauré dans la seconde moitié du xvic siècle et enfin mutilé en 1600 par ordre royal, à cause de l'hostilité violente qui existait alors entre les maisons de France et de Savoie. L'importance du monument, les particularités héraldi- ques qui le distinguent, la date qu'en indiquait le style, le fait qu'il correspond parfaitement à l'absence d'un tombeau dont l'existence est' certaine, l'emplacement qu'il occupe, le plus honorable dans tout l'édifice, et précisément celui que les ducs de Savoie s'étaient réservé, tout jusqu'aux mutilations qu'il subit '[en 1600 et que les