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LE PRÉTENDU TOMBEAU DES PAZZI 271
oublier non plus qu'il y eut des alliances entre ces deux maisons.
En général, quand on parle de la haine qui divisait les familles
italiennes à ces époques de troubles, on méconnaît le caractère de
ces luttes intestines aussi violentes que passagères, et qui de deux
branches d'une même souche, en faisait une ennemie et l'autre alliée
des Médicis. N'invoquons donc pas si aisément ces prétendues hai-
nes héréditaires d'un nom, haine dont il serait difficile de donner
un exemple bien authentique, du moins en ce qui concerne les
familles florentines établies à Lyon. Au surplus, à l'égard des
Albizzi, il se présente la même objection décisive que pour les
Strozzi et les Capponi : leur sépulture n'était pas aux Gélestins; on
ignore ou du moins j'ignore dans quelle église elle se trouvait,
mais il résulte des recherches faites dans les archives des Célestins,
que ce couvent ne reçut jamais la dépouille mortelle d'aucun mem-
bre de cette famille.
Ainsila conjecture de l'auteur anonyme doit être écartée de même
que celle du P . de Golonia. Le tombeau mutilé par ordre de Marie
de Médicis ne rappelait ni les Pazzi ni aucune autre famille floren-
tine. Mais alors de qui était donc ce mausolée? La réponse à cette
question est assez facile et se présente naturellement à l'esprit
grâce à une coïncidence caractéristique. Remarquons en effet
que nous avons, d'une part, une sépulture dont les occupants sont in-
connus ; d'un autre côté il se trouve que, parmi tous les personnages
que l'on sait avoir été enterrés aux Célestins, il en est un seul, mais
très important, dont le mausolée, placé cependant, comme on le
sait, dans un endroit apparent, ne pouvait plus être retrouvé. N'est-
il par dès lors évident que l'unique tombeau anonyme devait être
celui de l'unique personnage dont le lieu de sépulture n'était plus
connu ? Nous allons vérifier si la nature du monument, sa décora-
tion, sa richesse, son emplacement s'accordent avec ce que l'on sait
de l'importance du défunt et avec les détails que les textes nous ont
conservés.
Le personnage auquel je fais allusion est le duc Louis de Savoie,
fils du fondateur du couvent des Gélestins, et mort en 1465, dans
ce monastère dont il avait fait reconstruire l'église. Son corps fut
porté à Genève, où il fut enseveli auprès de celui de la duchesse sa
femme, mais son cœur et ses entrailles furent déposés dans l'église