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200 LA. HEVUE LYONNAISE responsabilité de l'œuvre. Toutefois les jeunes architectes pouvaient surveiller l'exécution de leurs dessins pour s'assurer, dans l'inté- rêt commun de la fidèle interprétation de leur pensée. Mais, pour quiconnaîtles habitudes desouvriers, cetteclauseétaitbien illusoire. Celui-là seul peut se faire obéir (et Dieu n'ignore pas s'il a de peine), dont on sait qu'il .dètientle commandement. Poncet, il est vrai, avait promis d'intervenir, en sa qualité d'architecte responsable, sur la réclamation des auteurs des projets, mais il avait bien d'autres chiens à fouetter, et il n'était guère pour juger d'ailleurs que cela en valût beaucoup la peine. Aussi la plupart des jeunes architectes renoncèrent-ils bientôt à lutter contre l'exécution souvent défec- tueuse de leurs dessins. Un seul, de sa nature fort énergique, eut le courage d'aller se disputer tous les matins sur les échafauds. C'était Journoud. Je ne sais si, pour autant que cela, il fut beau- coup plus heureux que les autres. * Après vingt-cinq ans écoulés, on peut juger équitablement la grande œuvre de la rue Impériale. Il y faut faire la part des dé- fauts qui appartiennent au temps et celle des défauts qui appartien- nent aux personnes. Comme beauté d'édifices, comme noblesse de style, comme luxe et perfection de construction, la rue Impériale est inférieure du tout aux belles constructions lyonnaises du siècle dernier. Cela, c'est le temps qui le voulait. Il voulait beaucoup d'étages dans peu de hauteur, il voulait des rez-de-chaussée tout à jour; il voulait, aux étages, de grands espaces libres avec des cloisons en briques, que le locataire transporte à sa guise, à la fa- çon d'un paravent. C'étaient là des conditions industrielles aux • quelles nul n'aurait pu se soustraire. Malgré ces vices inhérents, la rue Impériale est encore de beau- coup ce qui s'est fait de mieux en France en ce genre. Cent fois pire est la rue Impériale de Marseille. Même les boulevardaneufs de Paris, avec leurs maisons si bien tenues, qui font un tel contraste, sous ce rapport, avec les plus belles d'entre les nôtres, dont on lave généralement vitres et escaliers une fois l'an, même ces boulevards ont, bien plus que notre rue Impériale, le caractère marchand.