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50 LA REVUE LYONNAISE Dans son manteau de guerre, à côté d'un grand chêne, Attendant le sommeil qu'il appelait en vain. Il avait soif, la faim déchirait ses entrailles, Et, quand il parvenait à dompter ses douleurs, Il voyait en esprit les dernières batailles Et ses fils implorant la pitié des vainqueurs. Soudain une lueur brilla dans le feuillage... Elle approchait... Faisant un vigoureux effort, Il se mit en défense, et, pour fuir l'esclavage Ou le Tullianum, il résolut sa mort. Mais bientôt il remit au fourreau son épée. Une femme portant une torche de pin, Sur un bâton noueux appuyée, et drapée Dans un long voile noir, hors du fourré voisin Avançait lentement. Elle vint jusqu'au chêne, A deux pas du guerrier, et, son voile écarté, Montra ses cheveux blanc-s couronnés de verveine, Et la faucille d'or pendant à son côté. « 0 roi, depuis hier je te cherche, dit-elle. « Hésus, qui tient le sort des guerriers en ses mains, « Te réserve peut-être une gloire nouvelle! « Viens donc : pour échapper aux cavaliers germains « Soudoyés par César, suis-moi dans ma retraite « Que personne excepté les saintes ne connaît. » — « Mère, je te suivrai, » dit le guerrier, — « Arrête, « Et jure-moi que si ta puissance renaît « (J'ai pu de l'homme heureux peser la gratitude), « Quel que soit le motif qui t'appelle vers moi, « Tu ne viendras jamais troubler ma solitude. » — « Par Hésus ! je t'en fais le serment, » dit le roi.