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LE GAULOIS 51
II
Sous les arbres géants, tous deux ils s'enfoncèrent...
La torche résineuse éclairait le chemin ;
Quand elle s'éteignit, les fugitifs entrèrent,
Par le lit d'un ancien torrent, dans un ravin
Entouré de rochers à pic, hautes murailles
Où la lune jetait un rayon argenté,
Tandis qu'en bas le sol hérissé de broussailles,
Restait plongé dans une épaisse obscurité.
Après avoir marché quelque temps, la prêtresse
Chercha dans le ciel pur une étoile, et quitta
Le torrent desséché. Dans l'ombre, avec adresse,
Elle se dirigea vers un point, écarta
Les branches qui masquaient une étroite ouverture
A côté d'un menhir, et, par un escalier
Aux degrés inégaux taillés par la nature,
Dans une vaste grotte entraîna le guerrier
Qui put, à la clarté d'une lampe de terre,
Distinguer une harpe, une table de bois,
La peau d'un grand ours noir sur un lit de fougère,
Des armures, des guis et des sabres gaulois.
Sur la table elle mit un pain d'orge, une cuisse
De sanglier, des fruits, un flacon d'hydromel.
« Voici pour apaiser ta faim, dit-elle, et puisse
« Le doux sommeil bientôt venir à ton appel. »
Le roi voulut répondre, il releva la tète
Et la chercha des yeux. Elle n'était plus là .
Il mangea, puis, sa faim à demi satisfaite,
S'endormit lourdement et sur le lit roula.