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                    LE GAULOIS


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      Il fuyait seul, à pied, dans la forêt profonde,
  Lui, guerrier invaincu naguère et roi puissant ;
  Portant comme un lion sa chevelure blonde,
  Il fuyait, tout souillé de poussière et de sang.
  Plus d'un barde fameux eût gardé sa mémoire
  Et vanté ses hauts faits... s'il n'eût pas tant vécu ;
  Mais la fortune est femme : insensible à la gloire,
  Elle trahit le brave... et malheur au vaincu !
  Il fuyait, seul, à pied, devant l'aigle romaine,
  Craignant son peuple en deuil et César irrité.
  Ses plus vaillants soldats pourrissaient dans la plaine ;
  Les autres par milliers pleuraient leur liberté.
  Et lui qui n'avait plus, de toute sa richesse,
  Que son bracelet d'or et son casque brisé,
  Il allait, recherchant l'ombre la plus épaisse,
  Mourant de faim, et par la fatigue écrasé.
  Il marcha jusqu'à l'heure où déployant ses voiles,
  La nuit couvrit le monde. Alors ne pouvant plus
  A travers les rameaux consulter les étoiles,
  Au hasard quelque temps il dirigea ses pas;
  Mais voyant qu'il prenait une inutile peine
   Et s'égarait, il se coucha, le glaive en main, "
JUILLET 1881. — T. I I .                              4