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     Bien nantis de privilèges et d'apanages *, les moines de Saint-Chef
virent avec joie leur œuvre entrer dans une ère de prospérité si grande, que
l'abbé Adalric et ses religieux, jugeant leur mission terminée., ne tardèrent
pas à quitter le monastère qu'ils avaient si brillamment restauré pour re-
tourner en Champagne, à Montier-en-Der. Ce dut être aux environs de
l'an 900, quelques années après le Concile de Vienne de 892, qui édicta la
véritable charte de sauvegarde des biens monastiques devant les appétits
toujours grandissants des seigneurs féodaux.
     En 923, le comte Hugues de Provence, qui avait succédé sur le trône
de Bourgogne à Louis l'Aveugle et devait plus tard finir ses jours dans l'Ab-
baye de Saint-Pierre-de-Vienne, faisait aux moines de Saint-Theudère
une donation dont voici les principaux articles 2 :
     Hugues remettait au monastère tous les biens qu'il avait acquis d'Eni-
grinus : les terres de Comugniaco, Boriaco (Boirieu), Posiaco (Poisieu),
Muneriaco, Bontiaco et Madelliaco (le Bontoux et la Madeleine sur Saint-
Chef) avec toutes leurs dépendances.
     Il cédait aussi sa terre de Rispatis, acquise d'une femme nommée Anne,
et le domaine de Corbelin, acheté à Gultivo et Rutberto.
     Il confirmait la donation qu'il avait déjà faite de « l'église de Saint-
Martin-de-Vézeronce, avec toutes ses dépendances, serfs, terres, vignes,
paquerages, forêts, moulins, décours d'eau, leydes et corvées et enfin
avec tous ses droits ».
     Et la charte se terminait ainsi 3 : « Nous voulons que ladite abbaye,
son abbé et ses moines possèdent à perpétuité, quelque opposition qui
puisse y être faite, tous les biens qui lui ont été donnés ou qui le seront
dans la suite, et cela sous la garantie de notre autorité souveraine. Mandons
que tous ses biens soient affranchis de tout droit et toute servitude, sans
qu'aucune prétention puisse être admise à leur endroit. Et que nul homme
ne puisse, de quelque autorité qu'il soit revêtu, y tenir des plaids, y éta-
blir des servitudes, même sous prétexte d'intérêt public, et y saisir un fu-

    1. Cf. de Valbonnais, Histoire de Dauphiné et des princes qui ont porté le nom de Dauphins, Genève,
Fabry et Barillot, 172a, 2 vol. in-f°, t. I, p. 237 et 238.
    2. V. Dora Bouquet, loc. cit., t. IX, p. 690 et Collombet, loc, cit., 1.1, p. 344.
    3. Cf. Abbé Varnet, Saint-Theudère, p. 132,