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— 355 — circulation de ses ouvrages ». En tous cas, dès 1772, Voltaire écrit fré- quemment à Vasselier, l'appelle « mon cher Correspondant » et 1' « em- brasse tendrement » avant de signer. Il lui parle familièrement littérature ou politique et met sans cesse son obligeance à contribution. Le 28 mars 1772, par exemple, Vasselier est chargé d'aller visiter, au Collège de Lyon, un jeune rhétoricien du nom de Chazin, qui a écrit à Voltaire. Vasselier cultivait alors un petit jardin, sans doute dans la proche banlieue de Lyon, sinon dans la ville même. C'était — a-t-il dit — « au bout du Parnasse » ; adresse vague, mais c'est le poète et non le postier qui parle : Cultivant, au bout du Parnasse, Un terrain de bien peu d'espace Que je vais souvent visiter, Je viens de cueillir les prémices De l'Eden qui fait mes délices. Et, poursuivant son épître, le rimeur charge Mercure de porter au philosophe de Ferney « [ses] légumes et [son] respect ». En 1773, 1774, 1776, 1777, Vasselier expédie ainsi à Voltaire — qui parfois l'en remercie par un huitain — des fruits, des petits pois ou des artichauts de son jar- din de Lyon. Chaque année, notre jardinier fait, à l'automne, le voyage de Ferney, où Voltaire « lui offrit cent fois (dit la Biographie Universelle) de lui donner une retraite assurée dans une maison en toute propriété indépendante de son château ». Le I er janvier 1774, Vasselier était en effet à Ferney où il rimait des souhaits de bonne année pour son illustre voisin. Si l'on en croit la préface déjà citée, Voltaire avait été conquis par le conte, fort leste, de Vasselier, « l'Origine des truffes »x, conte qui lui * avait inspiré « de l'estime et de la considération pour son auteur », En tout cas, Voltaire a reproduit dans son Dictionnaire philosophique, au cha- pitre « De Caton et du suicide », un quatrain, jadis connu, de Vasselier — de qui il aurait bien pu citer le nom — sur les Deux-Amants de Lyon, Thérèse et Faldoni : 1. Il n'est même pas possible d'en exposer honnêtement le sujet.