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— 347 — et bâtiments de l'abbaye, la troisième, dite le « Pré, » était ombragée de beaux noyers que l'abbé Pierre d'Espinac fit mettre à terre « pendant une grande froidure ». On pénétrait dans l'abbaye par deux portes fortifiées, la porte Sainte-Anne qui subsiste encore de nos jours et la porte Notre- Dame, entrée principale près de la chapelle du même nom. De l'ancienne chapelle, édifiée au Moyen Age par l'abbé Ogier, sur le bord même de la Saône, il ne reste que l'abside et le clocher carré en pierre, surmonté d'une croix, d'ailleurs moderne. Le clocher résista à l'incendie des calvinistes, la chapelle démolie en partie à la Révolution fut restaurée au début du xixe siècle. Par décret de Napoléon I er (21 octobre 1809), on put de nou- veau dire la messe dans la partie qui subsiste de nos jours. C'est là qu'on pouvait voir sur un reste de pilier les armoiries de l'abbaye : « d'or à deux clefs de sable en sautoir ». Il ne reste rien du cloître attenant à la chapelle. Bien avant Fourvière, Notre-Dame de l'Ile-Barbe fut l'objet de la dévotion des Lyonnais et la vénération pour Notre-Dame de Grâces était si grande, dit le Père Huguet, que « lorsque les bateaux descendaient la Saône, tout l'équipage devait garder le silence et se découvrir à sa vue ; le patron, seul, debout à la poupe, criait : « Ile, salut ! ». En temps de cala- mité, les paroisses s'y rendaient en procession, en 1504, 1534 et 1556, à cause de la sécheresse; en 1586, ce fut la peste qui décima la population lyonnaise et les échevins firent, à la suite d'un vœu, don d'un calice à la chapelle en 1591. En 1630, Marie de Médicis et Anne d'Autriche vinrent à Notre- Dame accomplir un vœu fait pour la guérison de Louis XIII gravement malade à Lyon. Sur la petite place, contre la porte Notre-Dame, se trou- vait la dixmerie, bâtiment où l'abbaye recevait ses dîmes ; au centre de l'île s'élevait la maison abbatiale, où jadis plusieurs souverains auraient couché la veille de leur entrée solennelle à Lyon, et le réfectoire. Sur le bord du petit bras de la Saône était la maison de l'aumônier, démolie à la Révolution ; du même côté se trouvaient les cellules et le dortoir; tou- jours sur la rive de la Saône on rencontrait le grand cloître dont on peut voir encore quelques arcades et l'église Saint-Martin et Saint-Loup, partie actuellement la plus intéressante et jadis la mieux ornée. Les statues de Saint Pierre et Saint Paul que l'on découvre, voisinant avec une enseigne,