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ennuyeux, dit Le Laboureur, si je voulais rapporter ici par le menu tout
ce que l'île souffrit de l'avarice et de la rage de ces perdus ». Les paysans
du voisinage s'en mêlèrent, emportant jusqu'aux pierres de l'abbaye pour
réparer leurs maisons; enfin, complétant le tout, le sacristain de Notre-
Dame « se saisit d'une grande image de Notre-Dame, de sa hauteur et
s'en alla à Genève où il dota une concubine impudique du patrimoine de
la Vierge » \
     On essaya pourtant de réparer les ruines et de restaurer l'abbaye ; les
chapelles Notre-Dame et Sainte-Catherine sont recouvertes; plus tard,
en 1619, l'abbé Camille de Neuville restaure la grande église et confie à
Claude Le Laboureur la tâche délicate de rétablir l'ordre dans l'abbaye.
Ce dernier fut nommé prieur, mais la violence de son caractère et l'oppo-
sition constante des chanoines, qui ne toléraient pas d'entraves à leur indé-
pendance, ne lui permirent malheureusement pas de mener son entreprise
à bien et, au bout de trente années de procès et de querelles sans cesse
renouvelés entre les chanoines et leur prieur, celui-ci résigna son office.
Il nous a laissé dans ses Masures de Pile-Barbe une intéressante histoire
de l'abbaye où nous avons souvent puisé, ainsi que dans l'ouvrage de
M. Niepce, Vile-Barbe et son ancienne abbaye.
      En 1668, l'abbaye n'est plus que l'ombre de son ancienne splendeur,
ses bâtiments tombent en ruines, ses créanciers ne reçoivent plus leurs
intérêts; aussi, en 1741, le pape Benoît XIV supprime le titre de l'abbaye.
 On installa dans ses bâtiments le séminaire Saint-Pothin, destiné à recevoir
des prêtres âgés ou infirmes.
      En 1793, l'abbaye vendue aux enchères comme « bien national » fut
 achetée 166.000 livres par Pérussel, avoué à Lyon, place Saint-Jean, puis
 morcelée après sa mort. Certains des bâtiments furent démolis et des
jardins et des bosquets s'élevèrent sur leur emplacement.

                                     II

     D'après les anciens plans, l'Ile-Barbe était, jadis, divisée en trois
parties à peu près égales. Les deux premières occupées par les chapelles
    1. Le Laboureur, idem.