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à son sujet, il est permis de penser qu'elle devait exister déjà à cette époque
et avoir quelque importance 1 . Benoît d'Aniane, célèbre réformateur de
la discipline monastique, passe pour y avoir dirigé les travaux des religieux.
      En 934, ce sont les Hongrois qui mettent le monastère à sac, mais les
largesses de Lothaire et de Conrad le Pacifique lui permettent de se rele-
ver rapidement. En 1070, l'abbé Ogier fit élever hors du monastère, sur
le rivage oriental de l'île, la chapelle de Notre-Dame de Grâce. Désor-
mais, enrichie et honorée par de nombreux dons et privilèges, la prospé-
rité de l'abbaye ne fit que croître. Les moines aidés de quelques colons
suffisaient à l'origine à cultiver son domaine qui n'était pas très important.
Les deux tiers des revenus étaient perçus en nature pour l'entretien des
religieux et le soulagement des pauvres, le reste, en argent, pour la répa-
ration du monastère et l'achat d'objets qu'on ne pouvait fabriquer. L'abbé,
tout comme les moines, était astreint au vœu de pauvreté et ne possédait
rien en propre ; mais par la suite l'importance de l'abbaye grandissant,
les abbés devinrent de puissants personnages qui eurent pour vassaux les
comtes du Forez, les sires de Beaujeu, les seigneurs de Villars, de Monté-
limar, etc. Au XIIe siècle l'abbaye possédait 113 églises et 48 prieurés, non
seulement dans la région lyonnaise, mais jusque dans les départements
actuels des Basses-Alpes et des Alpes-Maritimes ; aussi lorsqu'en 1362,
on fera transcrire tous les titres de l'abbaye concernant ses fiefs et rede-
vances, ainsi que les statuts révisés par l'abbé Girin, le tout formera un
rouleau composé de 43 peaux de vélin de 33 mètres de longueur.
      Les abbés, élus d'abord par les religieux parmi les plus éminents
d'entre eux, furent ensuite nommés par la papauté, puis par le roi. Le
choix ne fut pas toujours heureux et l'intrigue dut souvent l'emporter
sur le mérite. Certains ne résident même plus dans leur abbaye, d'autres
sont de véritables seigneurs, comme l'abbé Pilfort de Belfort (1352), grand
chasseur devant l'Eternel, portant cotte de mailles et manteau garni de
fourrures et ayant même un écuyer. Il n'oubliait, dit-on, pourtant pas la
règle et se nourrissait de merlans et de morues.

    1. C'est des manuscrits de cette bibliothèque que furent tirées les œuvres d'Ausone publiées en 1598
par Etienne Charpin, prêtre de l'Eglise de Lyon, ainsi que les commentaires de Ruffin sur les Psaumes
de David.