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acquitte, si l'on ne trouvait pas dans ses éloges une tournure d'esprit et
même une certaine vivacité d'expression qui évoquent, toutes proportions
gardées, les productions de notre pléiade du xvie siècle. Il est impossible
en le lisant de ne point songer aux vers si joliment rimes et si délicatement
ironiques que Pernette du Guillet dédia plus tard à ses concitoyennes :

                     Qui sçauroit comme Veaue de Saône
                     Faict le beau teint aux Damoiselles
                     Tant de peine ne prendraient celles
                     A distiller pour se noircir
                     (Je voulois dire a s'esclaircir)
                     Leur blanche et délicate peau.

     En réalité, il n'est pas d'époque où la beauté soit exempte de tout arti-
fice et notre anonyme nous laisse, lui aussi, entendre que les Lyonnaises de
son temps tiraient une partie de leur charme du goût qu'elles apportaient
à se vêtir. Jamais l'on ne mit plus de fantaisie dans la mode ni plus de luxe
dans la toilette. S'il faut en croire les documents, les femmes de la haute
bourgeoisie commerçante se lancèrent éperdument dans la coquetterie et
précisément à un moment où les échanges avec l'étranger permettaient de
mieux la satisfaire : les pelletiers apportaient d'Allemagne la martre et le
petit-gris destinés à border les robes. L'Italie, à la suite de l'échec de la ten-
tative de Louis XI pour introduire la fabrique des soieries à Lyon, restait
le grand pays producteur des étoffes de satin et de velours. Ciseleurs et or-
fèvres rivalisaient sur place pour exécuter, avec un art parfois très délicat,
les bijoux, les colliers d'or, les ceintures richement incrustées d'argent qui
faisaient maintenant partie intégrante du costume. Les coiffures, au dire de
Paradin, qui pouvait encore en juger aux verrières des églises et sur quel-
ques anciennes tapisseries, atteignirent à une rare extravagance : « En leurs
testes chargèrent certains bourrelets pointus comme clochiers, la plus part
de la hauteur de demie aulne, ou trois quartiers, et estoyent nommez par
aucuns les grands papillons, parce qu'il y avoit deux larges aisles deçà et
delà, comme sont aisles de papillons ; et estoit ce haut bonnet couvert d'un
grand crespe traînant jusques en terre, lequel la plus part troussoyent au-