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— 326 — En dépit de ces innocentes railleries, Lyon offrait à ses visiteurs autre chose que des vins justement réputés, et le temps était déjà lointain où no- tre ville se reconnaissait la cinquième du royaume. Rapidement, en quel- ques années, elle était devenue une véritable petite capitale : capitale éco- nomique, par cette affluence de marchands et d'étrangers attirés par la li- berté du travail et les privilèges des foires ; capitale politique, grâce aux séjours prolongés du souverain ; capitale artistique et même intellectuelle, ou apparaît et se développe au voisinage de l'Italie une sorte de Renais- sance avant la lettre. M. Picot a groupéx toute une série de pièces où s'affirme la rivalité nouvelle qui tend à opposer Lyon à Paris. Il les a empruntées à des pla- quettes imprimées, aujourd'hui introuvables, et qui remontent aux premiè- res années du xvie siècle. Le manuscrit français 1356 de la Bibliothèque Nationale nous offre deux poésies analogues, mais qui ne semblent pas avoir jamais été publiées et qu'il est difficile, en l'absence de caractères graphiques suffisamment ac- cusés, de dater avec certitude. La première renferme peut-être une allusion à la perte du royaume de Naples et il est vraisemblable qu'elle n'a pas été composée avant l'entrée de Charles VIII à Lyon, en novembre 1495. L'on ne saurait à notre avis tirer un argument décisif du fait que la reliure du manuscrit est ornée des armes de François I er , car le volume pré- sente tous les caractères d'un recueil factice où l'on aurait groupé assez longtemps après leur composition un certain nombre de pièces disparates. L'auteur de la première poésie, comme il prend soin de nous en avertir, n'appartenait pas à notre ville; mais son nom demeure inconnu et l'on ne peut dire aujourd'hui quel fut le correspondant mystérieux auquel il s'adresse et les « deux fleurs de Lyon » dont il a entrepris de célébrer les mérites 2. Il n'y aurait pas lieu, d'ailleurs, d'insister sur la manière dont il s'en 1. La querelle des dames de Paris, de Rouen, de Milan et de Lyon (Mémoires de la Société d'histoire de Paris, t. XLIV (1917, pp. 107-162). L'une de ces pièces avait déjà été publiée par M. deLubac : Une poésie satirique du xvie siècle. La rescription des femmes de Paris aux femmes de Lyon (Revue du Lyon- nais, t. XXVIII (1864), pp. 558-565 et t. XXIX (1864), pp. 81-90). 3. Sur les Lyonnaises célèbres à cette époque voir plusieurs articles vieillis, mais encore utiles à consulter : Archives historiques du Rhône, t. V, pp. 271-288 ; 347-355 ; 362-365.