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renne, au prince de Beauvau, au comte d'Argental il demande approba-
tion de sa conduite et au besoin correction et redressement de ses erreurs.
Mais il sollicite aussi directement leur intervention auprès du secrétaire
d'Etat de la Marine. « Je vous supplie, monsieur le comte, dit-il à d'Ar-
gental, de faire mention de moi à M. le duc de Praslin »1. Il écrit même di-
rectement au tout puissant duc de Choiseul qui fut bienveillant à son
égard. « Je fus destiné par vous à servir le Roi dans cette partie du monde.
En quittant le département de la Marine, vous eûtes la bonté de parler
avantageusement de moi à monsieur le.duc de Praslin. Je rends compte
aujourd'hui au Ministre de la Marine de ce que j'ai vu, plutôt que de ce
que j'ai fait. Mon ambition est qu'il ne pense pas que monsieur le duc de
Choiseul fit autrefois un mauvais choix. Les rapports qui sont entre le
Ministre de la Guerre et le Ministre de la Marine relativement au bien
de la chose publique, et la confiance qui règne entre monsieur le duc de
Choiseul et monsieur le duc de Praslin me dispensent d'entrer par cette
dépêche dans des détails dont l'analyse sera faite au Bureau des Colonies.
Le résultat sera présenté et je serai trop heureux s'il obtient votre appré-
ciation »2.
Mais Dumas sait bien que les grands de la terre n'ont pas unique-
ment souci du commandant militaire des Isles de France et de Bour-
bon, occupés qu'ils sont à sauvegarder leur propre situation contre les
caprices du maître ou de la sultane favorite. Plus utiles sont ceux qui ont
leurs entrées dans les coulisses du gouvernement ou y jouent un rôle
important sans paraître sur la scène au milieu des vedettes. Parmi ses
correspondants attitrés, Dumas compte un premier commis delà Marine,
Dubuc, chargé des affaires coloniales, et un syndic de la Compagnie des
Indes, de Bruny, dont le frère possède des domaines à l'Ile de France.
Dubuc et Bruny sont des ambassadeurs à Paris, les plus fermes soutiens
de sa politique, avec une femme qui fut très chère à son cœur, la comtesse
de Saint-Jean. A Dubuc il expédie directement, pour éviter les indiscré-
tions, ses rapports officiels, et il les lui commente dans des lettres parti-
culières pour le bien pénétrer de sa pensée. A Bruny, il confie le soin
i. Copie de toutes les lettres écrites par M. Damas, 2 août 1768, à M. le comte d'Argental.
2. Copie de toutes les lettres écrites par M. Dumas, i er décembre 1767, à M. le duc de Choiseul.