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 d'ajouter tous les éclaircissements nécessaires dans ses conversations avec
 Dubuc, et il lui transmet copie ou extrait de ses dépêches pour le bien
 documenter. « Je me repose sur vous de tirer au clair avec notre ami Dubuc
 tout ce qui pourrait lui paraître obscur, car quelle que soit l'évidence d'un
 fait, son degré dépend encore du point de vue sous lequel on l'envi-
 sage ». « Si vous voulez servir le Roi, faites en sorte que M. le duc de
Praslin et M. Dubuc n'admettent aucun doute dans ce que je leur ai mar-
 qué depuis mon arrivée sur l'objet de la défense et sur celui des subsis-
 tances. Si quelqu'un leur a parlé autrement, il a un intérêt à les tromper,
car il n'a pas pu se tromper lui-même »1.
       Avec M me de Saint-Jean, Dumas est galant et « sensible ». Il proteste
 de sa « tendre amitié... inaltérable dans tous les temps et dans tous les
lieux ». Il réclame en retour une « amitié active » et termine un de ses
billets en baisant « les belles pattes de Rosette», sans doute une levrette
familière qu'il était bon de ménager pour gagner les grâces de sa maîtresse.
       Une « amitié active ! ». Dumas, au milieu des effusions sentimentales
n'oublie point qu'il a une situation à défendre et il appelle à son aide la
dame de ses pensées. « Parlez quelquefois de moi, voyez nos amis, culti-
vez-les... »2.
       Le bon commandant était un homme pratique, n'ignorant point la
valeur des recommandations, un brave officier ayant légitime inquiétude
au sujet de sa fortune et de son avancement menacés par un « abominable
homme », dissimulé, « très incapable, fort haineux, très violent » et par-
dessus le marché anti-militariste, car « tout ce qui porte l'uniforme dans
la colonie » est exposé à son antipathie et à son animadversion3.
       Ainsi Dumas dépeignait l'excellent M. Poivre, ancien missionnaire,
botaniste et voyageur, devenu intendant du Roi et auquel on n'avait pas
accoutumé de prêter une âme aussi noire.


     i. Copie de toutes les lettres écrites par M. Dumas, 2 décembre 1767, 18 juin 1768, à M. de Bruny.
    2. Copie de toutes les lettres écrites par M. Dumas, 18 juin, 23 juin, 9 août, 30 septembre 1768, à
M me la comtesse de Saint-Jean.
    3. Copie de toutes les lettres écrites par M. Dumas, 9 janvier 1768, à M. de Bruny; 10 mars, à M. de
la Rochette ; 9 août, à M me la comtesse de Saint-Jean ; Dépêches de M. Dumas, 24 février 1768.