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      Le 8 août 1824, Louis Tattet mourait à Villefranche, à peine âgé de
45 ans, laissant dans sa ville d'adoption le souvenir d'un homme de bien ;
toutes les autorités et un nombreux cortège accompagnèrent son corps
à Limas, où il avait désiré être enterré. La maison d'horlogerie et d'orfè-
vrerie qu'avec son beau-père Cuendet il avait fondée, successivement à
Lyon et à Villefranche, fut cédée par sa veuve, en juin 1831, à Samuel
Campiche, de Sainte-Croix, qui, la même année, devint son gendre, en
épousant Louise Tattet. Une correspondance régulière et très intime
continua à s'échanger entre la veuve de L. Tattet et la famille de son mari,
aux Verrières Suisses, et c'est à cette correspondance que je vais emprunter
les fragments qui suivent, relatifs aux événements révolutionnaires de
 Lyon en 1830 et 1831. Ces faits sont assurément connus, mais il est tou-
jours intéressant de voir comment ils étaient compris et appréciés par les
contemporains, surtout par des témoins que leur nationalité étrangère
rendait plus impartiaux.
      La révolution de juillet avait eu, dans toute la Suisse, une profonde
 répercussion ; la plupart des cantons réclamèrent des réformes et l'éta-
 blissement du suffrage universel. Le canton de Neuchâtel, dont dépendait
les Verrières, lieu d'origine des Tattet, était à la fois canton fédéral et
 principauté du roi de Prusse. Quelques réformes accordées furent jugées
 insuffisantes par le parti républicain, qui exigeait une complète indépen-
 dance vis-à-vis de la Prusse. Des troubles sérieux éclatèrent, dégénérant
 parfois en véritable guerre civile ; c'est à quoi font allusion les lettres de
 Julie Cuendet-Tattet écrites au moment où une grave crise commerciale
 faisait éclater à Lyon de terribles insurrections.

                                           «Villefranche, 7 mars 1831.

          « Chers Parents et meilleurs Amis,
    « ... Je vous remercie des détails que vous nous donnez sur les évé-
nements de la Suisse ; nous sommes on ne peut plus satisfaits qu'elle
garde sa neutralité, non seulement pour l'avantage que la France y trouve,