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      Il brûla les étapes pour arriver plus vite. Mais les fatigues des campa-
gnes où il avait suivi le maréchal avaient altéré sa santé. Terrassé par un
mal subit, il tomba de cheval, en pleine route, à un quart de lieue de
la petite ville de Tain, sur la rive gauche du Rhône. C'était le 10 fé-
vrier 1643.
      Le malheureux courrier fut relevé par des passants. Son costume et
son équipement annonçaient un personnage d'importance : il était vêtu
d'une « innocente », ample casaque de drap gris, à parements de même cou-
leur et galonnée d'argent, d'un pourpoint de serge noire, de caleçons de
chamois, recouvrant des chausses de drap noir et des bas de soie gris, à
demi-cachés par des bottes éperonnées. Une chemise de fine toile de
Rouen, garnie de dentelles, avec petit collet et rabat, une écharpe blanche,
bordée « de trois doigts de dentelle d'argent », un manteau d'écarlate à pare-
ments de taffetas rouge cramoisi ; le petit troussequin noir supportant une
épée-couteau avec garde figurée et poignée d'argent, qu'il portait à son
côté ; sa bague « en deux ronds d'or, émaillés de noir et réunis par un
 chaton timbré d'une croix de Malte en émail noir et blanc » ; enfin, les deux
 pistolets à rouet, qui pendaient à la selle de son cheval, ne pouvaient laisser
 aucun doute sur la haute qualité de cet inconnu1.
      On le transporta très doucement chez le sieur Jean Cara, maître de la
 poste pour le roi. On l'y installa dans la meilleure chambre, dont on ferma
 hermétiquement les volets, le malade étant si faible qu'il ne pouvait sup-
 porter l'éclat du jour.
      Un apothicaire, maître Etienne Chaullet, était là, qui donna les pre-
 miers soins au malade. Celui-ci ayant repris ses sens, on s'empressa de
 prévenir M. de Tournon, gouverneur de la province, de la situation fâcheu-
 se où se trouvait le courrier de monseigneur le vice-roi de Catalogne.


Pierre-Scize (38 décembre 1644) et son procès fut commencé. Plusieurs des contemporains virent dans cette
affaire, qui passionna l'opinion, une « suite de celle de M. de Thou ». Instruit lentement à Paris, à Lyon, en
Catalogne, le procès n'était pas terminé en 1648. La Fronde commençait. Mazarin se hâta de libérer le
captif, qui sortit de prison le 13 septembre de cette dernière année, après quarante-huit mois de détention.
      Après la Fronde, à laquelle il prit une part active, le maréchal, réconcilié avec la cour, fut remis en
possession de sa vice-royauté. En 1653, il fit en Catalogne une dernière campagne. Philippe de La Mothe-
Houdancourt mourut à Paris en 1657.
      1. Inventaire dressé à Tain (Arch. du Rhône, E 687).