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Le plus puissant des Etats libres d'Italie, Venise, avait délégué un
ambassadeur, Marino Cavallo. L'Espagne et l'Empereur boudaient, mais
le pape déclarait hautement ses sympathies pour ce mariage. Il aurait
voulu donner lui-même à Rome la bénédiction nuptiale, mais « son bon
désir, pour quelques raisons, ne pouvant estre effectué », il envoya son
neveu, le cardinal Aldobrandini, pour recevoir les promesses sacramen-
telles ou, comme on dit, les « paroles de présent », et consacrer l'union.
Le légat, dont la suite montait à plus de mille personnes, fit son
entrée (4 octobre) à Florence « en grande pompe et solennité ». En un défilé
pittoresque passèrent les moines de tous ordres et de toutes robes, le
clergé séculier, les appariteurs et les ministres de la ville, cinquante che-
valiers cuirassés, casqués, vêtus de saies rouges ; des trompettes et des
archers ; les gentilshommes florentins et romains, « tous bien en conche et
magnifiquement habillés », et, rompant l'ordre de préséance, au centre
du cortège, vingt-et-un mulets chargés des chambres, cabinets, garde-
robes et offices du cardinal, son cheval mené par des estaffiers et tout capa-
raçonné de velours rouge, enfin les prélats de l'Eglise, six jeunes barons
romains des plus grandes familles, et le Légat lui-même, en vêtements
pontificaux, à cheval sous un poêle que portaient huit jeunes gentilshom-
mes florentins, ayant à sa gauche le Grand Duc, et suivi de seize évêques
ou dignitaires de la cour romaine.
Cinquante hallebardiers nobles de la compagnie colonelle du Grand
Duc fermaient la marche.
Le mariage eut lieu le lende main à Santa Maria del Fiore, la cathé-
drale. Le Français qui en a rédigé le récit officiel — probablement un do-
mestique (au sens ancien du mot) du duc de Bellegarde — expédie la
cérémonie nuptiale. Il se borne à dire que « les espousailles furent célébrées
vraiment à la royale », sans préciser ce qu'il entend par là . Le Légat dit la
messe; il trônait dans une chaire sous un dais de drap d'or rehaussé de
trois degrés et tapissé en bas de velours cramoisi. Marie de Médicis, con-
duite par le Grand Ecuyer de France, «s'alla mestre à main droite du
prélat, le Grand Duc à gauche.
« Le Grand Duc présenta la procuration qu'il avait pour espouser
la reyne au nom du Roy ; elle fut leue par deux prélats ; puis aussi celle