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pour servir ses desseins, et avec quelle mauvaise foi elle réussit à faire
croire que tout ce qui s'était passé dans la journée du I er prairial
n'était que l'explosion concertée d'un complot contre le gouvernement.



     Lorsque les autorités civiles étaient encore sous l'impression de la
crainte et de l'effroi que la perspective d'une mêlée sanglante leur avait
causée, Montchoisy était pour elles le sauveur, le pacificateur, l'homme pro-
videntiel que seul le peuple écoute. L'administration centrale, composée
pourtant de citoyens aux idées avancées nommés par Reverchon, attestait
dans sa délibération du jour même que« la multitude lui a toujours manifesté
de la vénération et de la docilité ». Dans une adresse aux Lyonnais, elle
déclarait : « La prudence et la sage fermeté du général se sont manifestées
au peuple avec cette dignité qui fait respecter le pouvoir et la force ». Elle
témoignait de tous les efforts du général, « toujours actif, toujours exhor-
tant», pour maintenir la foule lorsque celle-ci se trouvait en présence de la
force armée. Aussi s'empressa-t-elle de collaborer en parfait accord avec lui
pour assurer le maintien de l'ordre dans la nuit et fut-elle heureuse des
mesures énergiques qu'il prit à cet effet. Elle reproduisit avec satisfaction,
dans son procès-verbal, les deux proclamations que Montchoisy adressa à
la population, la première relative aux mesures prises pour la poursuite et
le jugement des meurtriers de la journée, la seconde faisant appel à la
sagesse des Lyonnais. Cette dernière mérite d'être citée tout entière en
témoignage de l'esprit qui animait son rédacteur :
     « Le général Montchoisy, commandant de la Place, aux citoyens de
Lyon.
     « Dans les moments de désordre qui ont troublé la tranquillité et la
sûreté de ce canton, j'ai recueilli de vous tous des promesses de calme et de
sagesse. Je les reçois avec reconnaissance, comme vous les tiendrez avec
loyauté. Je vous préviens que je vais prendre toutes les mesures que com-
mandent les circonstances pour que les citoyens ne soient point alarmés
d'un moment d'agitation qui, sans doute, n'aura plus de suite. La troupe
restera sous les armes ; les postes seront doublés ; des patrouilles se suecé-