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nés, sa critique est restée sans réponse, et il est d'ailleurs si vague qu'il
aurait été difficile de l'entreprendre ; mais comme l'on peut présumer que
les reproches que Guichenon avait à faire à l'auteur de la Chronique de
Savoie étaient les mêmes que ceux que le Cavalier de Savoie lui avaient
faits, savoir : qu'il avait brouillé en plusieurs endroits la nouvelle impression de
l'histoire de Savoie : qu'il avait avancé que les Comtes de Savoye, comme
Amé 5 en 1405, avaient fait hommage et reconnaissance envers l'Eglise de
Genève a cause du Comté de Genevois, — Item que le Vicariat obtenu de
Charles 4 a été depuis révoqué en 1367, — Item qu'en l'an 1371 le Comte Vert
de Savoye s'en déporta ; — Item, et finalement, que par la Sentence des Ligues,
donnée à Payerne, le Duc Charles fut débouté de la prétendue souveraineté, —
— Ce qui fut répondu dans le temps au Cavalier répondait d'avance aux
reproches de Guichenon.
Le Cavalier de Savoie ne porte aucune date d'année, mais il doit avoir
été imprimé en 1605 ; son auteur, suivant Le Long, dans sa Bibliothèque
historique de la France, était Marc Antoine de Butet, gentilhomme et fils de
Claude de Butet, avocat à . Chambéiy, dont on a un petit recueil de poésies
imprimées à Paris en 1599 in 4 0 . — Ce Marc Antoine, auteur ampoulé,
vendu à la Maison de Savoie, ne craint pas d'appuyer ses prétendus droits
sur Genève par des actes qu'il interprête à sa manière, car ceux qu'il cite se
sont passés, de son aveu, dans l'absence des Evêques et sans leur agrément ;
et il est ensuite d'assez bonne foi ou assez bête pour convenir que ceux-ci
ont toujours disputé aux Ducs la souveraineté de la Ville, et qu'ils en ont
toujours été en possession jusqu'à ce que cette Ville changea de religion.
C'est aux pages 203 jusqu'à 209 et à la page 213, qu'il s'emporte et
vomit contre Jean de Tournes la bile la plus grossièrement amère. Pour
donner une idée de son style on transcrira ici ce morceau, tiré des pages 203
et 204. « Or l'impudence de Jean de Tournes a tellement destourné le sens
de l'histoire de Savoie, brouillé et Confondu cestes annales, qui autrement
et selon son Vieux lustre est l'une des plus belles de l'Europe, que ceux qui
la liront d'icy a Cent ans (si l'Å“uvre d'un si sot ouvrier a tant de vie) juge-
ront nostre grand Charles Emanuel, pour ne parler de ses ayeux, un
prince estourdi, vaincu, battu et chassé de ses Estats, et qui n'entra jamais
en Campagne au pas de la pique, qui ne s'en retira à la fin à beaux chevaux