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                                           — III   —
                  c est u n
       En 1829, '         chanteur nommé Monrose, qui est, à son tour, le héros invo-
 lontaire et la victime infortunée des mêmes manifestations belliqueuses. Le 21 mai, le
 parterre escalade les premières galeries, pour imposer silence aux habitués de l'aristo-
  cratie qui le poursuivaient de leurs marques de désapprobation ; le surlendemain, en
 revanche, le siège de la cabale se transporte au parterre, et il faut, ce jour-là, parce que
 le désordre se prolonge, que le commissaire de police fasse baisser le rideau et cesser le
 spectacle (1).
       En 1844, pendant plus d'un mois, les représentations sont troublées par les escar-
 mouches que se livrent les admirateurs respectifs de Mlle Elian, la première chan-
 teuse, et de M. Duffeyte, le premier ténor, celle-là soutenue par la jeunesse dorée des
 loges, celui-ci favori du parterre. Le 19 juillet, à une représentation des Huguenots, à
 laquelle assiste le préfet, le débordement des passions est à son comble. La soirée se
 poursuit dans un échange incessant « de sifflets, d'applaudissements, de vociférations,
 de huées, de rires inconvenants ». La police est appelée à la rescousse ; mais sa justice
 distributive s'exerce sans impartialité, si on en croit les journaux de l'opposition.
       « On met à la cave, dit l'un d'eux, les siffleurs de Mlle Elian, qui a été au-dessous
du médiocre, tandis qu'on laisse insulter M. Duffeyte, qui a été remarquable.
Mlle Elian n'a que des intimes ; M. Duffeyte n'a que du talent » (2).
       En 1848, à une heure, il est vrai, où la situation politique contribue à aviver les
animosités de classes, de véritables batailles rangées s'engagent, à propos du ténor
Lapierre, entre les premières galeries, auxquelles il déplaît, et le parterre dont il a les
faveurs. Le 24 octobre, dans la Juive, il est, comme de coutume, sifflé par les uns, en
même temps qu'il est applaudi par les autres. A bout d'arguments, le parterre se met
à bombarder les premières « d'oranges, de pommes, de casquettes et même de sou-
liers » (3). Ce soir-là encore, le spectacle ne peut aller jusqu'au bout (4).


                                             El

      De ces scènes violentes dont les artistes et parfois même le directeur faisaient les
frais, il se passait naguère bien peu de soirs qu'il se s'en produisit, et les gens
paisibles finissaient par s'en lasser.
      « Il est inconcevable, disait un journal (5), qui se faisait leur écho, dès 1830, que
l'autorité ne prenne pas des mesures pour faire cesser les scènes inconvenantes qui se
renouvellent fréquemment au parterre. »


   (1). Précurseur du 34 mai 1839.
   (3). Censeur du 31 juillet 1844.
   (3). Salut public du 36 octobre 1848.
   (4). Censeur du 26 octobre 1848.
   (5). Précurseur du 3 janvier 1830.