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école où les jeunes gens ayant déjà fait quelques études suivraient des cours
de bosse et de modèle vivant. Il sut intéresser à son projet un certain nom-
bre de ses amis, messire Genève l'aîné, fabricant dessinateur, avec lequel il
avait fait son voyage en Italie, messire Soubry, son collègue au bureau des
finances, messire Mogniat, conseiller à la cour des monnaies, le mathémati-
cien Mathon de la Cour son collègue à l'académie, Messieurs Ménard,
Parent, Montessuy, Gras et Flachon, et, fort de leur appui, il commença les
démarches propres à assurer le succès de son entreprise.
     Le projet, présenté à Monseigneur de Gournay, lors de son passage à
Lyon, fut bien accueilli par cet intendant du commerce et tout semblait
devoir marcher facilement, lorsque des difficultés s'élevèrent, venant de la
part de ceux-là mêmes qui devaient retirer le plus de profits de l'entreprise.
      A cette époque, la fabrique lyonnaise était à son apogée et la grande
vogue des tissus historiés faisait rechercher les produits de nos manufactu-
res. Une corporation avait pris un grand développement et donnait à notre
industrie un véritable lustre ; c'était celle des dessinateurs de la fabrique,
c'est-à-dire des artistes créant les décors des étoffes de soie. Un certain
nombre de ces dessinateurs, les plus réputés même, craignirent de voir
s'étendre et se perfectionner l'enseignement du dessin à Lyon. Ils prétendi-
rent qu'une instruction artistique trop développée nuirait au recrutement
de leur corporation, qu'un jeune homme ayant étudié la bosse et le modèle
vivant se refuserait à entrer dans une profession industrielle. Ils présentè-
rent au roi une pétition, signée de vingt d'entre eux, demandant l'interdic-
tion de l'école projetée et la création d'un cours de dessin de la fleur destiné
à former des dessinateurs pour l'industrie lyonnaise.
     Le chanoine Lacroix se révolta contre ces prétentions trop exclusives ;
il voulait que la future école de dessin formât des élèves prêts à consacrer
leurs talents à l'art qui leur conviendrait le mieux. Lassé d'entendre des
opinions si opposées chez des gens paraissant intéressés également au bien
public, Monsieur de Gournay chargea le célèbre peintre Oudry de mettre
l'accord entre les deux parties ; ce n'était pas chose facile, et le bon chanoi-
ne eut à subir le premier coup. Parlant de lui dans une lettre datée du
12 novembre 1752, Oudry se plaint de s'être trouvé vis-à-vis d'une persôn-