page suivante »
— 84 — qu'ils dient avoir estes forcez et violentez de passer lesdictes cedulles par le feu duc de Nemours lorsqu'il commandoit en leur ville et province pour le party de la Ligue... Mais quand la Court aura entendu les particul- laritéz de l'affaire et du subject pour lequel ont esté contractées lesdictes cedulles que l'emprunt de 32.000 escus faict en l'année 1589 par le feu duc de Nemours et qui a donné cause à icelle fut faict sur la ville de Lion et non sur les nations estrangères et aultres leurs confederez tenans lors le party de la Ligue qui desiroient s'insinuer en la bonne grâce du duc de Nemours pour obtenir soyt les estats ou biens des serviteurs du Roy baniz et exiliez de la ville lui persuadèrent de lever lesdicts deniers sur les nations estrangères moiennant l'asseurance du remboursement pour laquelle ils passèrent voluntairement lesdictes cedulles que le Roy par le traicté du S r Marquis de St Sorlin a validé tout ce qui a este faict durant les troubles par l'auctorité et commandement du feu duc de Nemours et qu'ils peuvent estre remboursées des sommes contenues en leurs cedulles sur les deniers de l'impost acordé par sa majesté pour l'acquit des debtes contractées par la ville durant le règne de la Ligue. Elle trouvera que lesdictes prétentions sont destituées de justice et qu'il n'y a aparence de raison en la recision par eulx poursuiviye pour entrer en la déduction particullière et specialle des mérites du faict. La vérité est qu'en l'année 1589 lorsque la rébellion des mauvais français ennemis de leur patrye et de la couronne tiranisoit la France, le feu duc de Nemours l'un des principaulx chefs des rebelles qui commandoit au païs lionnoys pour ceste faction voullant conduire quelques trouppes de gens de guerre en France pour secourir le duc de Maienne assiégé par le feu roy en la ville de Paris et se trouvant court de deniers pour faire ce voiage s'adressa aux consuls et eschevins de la ville de Lion et les pria luy fournir la somme de 32.000 escus et les lever par emprunct sur les principaulx bourgeois de ladicte ville. Les consuls et eschevins et leurs confederez en la faction de la Ligue entre lesdicts inthimés tenoient les pre- miers rangs désirans favoriser ledict duc de Nemours en sa demande et satis- faire à son intention aux despens d'aultruy et sans mectre la main à la bourse luy donnèrent advys d'emprunter ceste somme des nations estran- gères qui avoient le moien de la fournir promptement et que pour seureté de leur remboursement on leur bailleroyt des cedulles des bourgeois de la