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LES JULLIACIENS AU SIEGE DE LYON 497 Duphot, 300 patriotes se réunissent au Monte-Pincio, arborent la cocarde tricolore et manifestent hautement leur intention de proclamer la république. Poursuivis par les troupes pontificales, ils se réfugient au palais Corsini. Joseph Bonaparte, ne pouvant souffrir qu'on attente à l'inviolabilité de la résidence française, se présente l'épée à la main, accompagné de plusieurs officiers. Que se passa- t-il alors ? On ne saurait le dire exactement, étant donnés les récits contradictoires. Duphot, sans doute, voulut s'interposer entre les troupes et le peuple. On se saisit de lui; on l'entraîne jusqu'à la porte appelée Settimiana; dans le tumulte un soldat lui décharge son mousquet en pleine poitrine. Il tombe, essaye courageusement de se relever en s'appuyant sur son sabre, mais retombe aussitôt, frappé d'une seconde balle, déchiré par les baïonnettes. Levovant mort, la foule le dépouille, et le recouvre de pierres. Dans la nuit, l'ambassadeur se retira à Florence. A la nouvelle du forfait, le Directoire promit de tirer une écla- tante vengeance (1), et le 11 février 1798, Berthier s'empara de Rome. Les funérailles solennelles de Duphot furent célébrées douze jours après. On recueillit les cendres dans une urne, que l'on déposa au sommet d'une colonne antique - sur la place du Capitule. La nouvelle république romaine dut payer une indemnité de 150.000 francs à la famille de la victime. Mais, en novembre suivant, le roi de Naples chassa à son tour les troupes françaises, et le peuple romain, avec sa mobilité accoutumée, se précipita sur les maisons des prétendus révolutionnaires, les dévasta, renversa le (1) Voir une curieuse anecdote à ce sujet dans les Souvenirs de M"= de Cre'quy, T. VI, p. 144. N"s 5 et 6.— Novembre-Décembre 1901 32