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MADAME ANTONIA BOSSU 465 A ces chimères en allées, Qui partent du cœur tontes ailées, Sans crainte de se laisser choir, Croyant, pauvres oiselets frêles, Prendre l'infini dans leurs ailes, Ne disons pas adieu, mais au revoir. Et cette esquise Page blanche où nous sommes fiers de voir notre nom en dédicace : 0 toi page qu'on n'écrit pas, Qui manque, hélas! ci notre histoire, C'est toi seule qu'on voudrait croire Quand des autres nous sommes las. Sur maints feuillets d'une voix franche Nous lisons les mots en faveur! Argent, Succès !. . . mais le bonheur ? — C'est le mot de la page Manche. Voici en quels termes le styliste des Sonnets en bige, M. A, Sabatier, appréciait (dans la Revue du Siècle), cette partie de l'œuvre de Mme Bossu : « A la lecture de ces chansons, on éprouve une impres- sion de douceur tendre et d'apaisement, note caractéristique de son heureux talent, et il semble bien que dans le domaine si fouillé de la Chanson, elle ait découvert un filon original. Le choix des sujets, dérivés d'inspirations intimes et d'une psychologie d'âme féminime, est très remarquable. Nous ne sommes pas en présence d'un chansonnier, assis sous la tonnelle et célébrant la nature, la gloire et les belles, mais d'un poète élégiaque ayant un moule prosodique de la Chanson adapté les sentiments les plus élevés de sa muse. » Peut-être pourrait-on discuter ce titre même de Chansons pour y substituer celui plus exact de « poèmes à refrains ••>, mais où finit la chanson et où commence l'ode ? C'est ce qu'il est plus facile de sentir que de définir, et ce n'est pas, du reste, le lieu de le discuter ici. Si les « chansons » de M me Bossu seront difficilement chantées, et plus difficilement populaires, si elles n'ont pas cette marque de la vraie chan- son d'exprimer un sentiment très simple, très universel, avec un tour particulièrement saisissant, elles sont, du moins, très bien faites pour la diction et sont d'exquis poèmes. N* 6 .— Juin 1901. 30