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                      MADAME ANTON1A BOSSU                             459
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rude combat pour la vie, par sa situation de fortune, M ™ Bossu vînt
chercher dans la littérature, la consolation des douleurs éprouvées et cet
intime bonheur que le culte de l'art sait donner à ses adeptes.
   < Cette femme vaillante se mit en marche vers les hauts sommets
   c
à une date de la vie où tant d'autres se préparent au repos, où l'on ne
songe pas à se faire semeur de grain, mais à goûter les fruits des
récoltes universelles. » (Discours de Camille Rov).
   Elle préluda par la publication de nouvelles, de récits de voyages :
Souvenirs d'une Congressiste, en 1888, où déjà se dessine très nettement
son talent : mélange d'observation, de pensée, de mélancolie et
d'entousiasme avec, en plus, une pointe de gaîté, d'esprit qui persista
dans son caractère, mais qui dans son œuvre s'efface peu à peu, à
mesure que la vieillesse et la maladie mettent leurs griffes sur cette
Ame vibrante qui ne subit jamais leurs joug, resta jeune, mais se
meurtri dans cette lutte.
   Les Souvenirs d'une Congressiste débutent ainsi :
   « Le 23 mars 1888, à 10 heures du soir, je montais, le cœur léger dans
le coupé qui devait me conduire à la gare de Perrache, où j'allais
prendre le train de nuit pour Marseille.
    « Quand je dis le cœur léger, est-ce bien exact? Oui et non. « Tu
vas en Algérie, dans le pavs du soleil. Tu quittes la brume lyonnaise
pour la lumière, l'hiver pour le printemps », chantait en moi, une voix
caressante, et la douce musique de cette voix semblait répondre
victorieusement aux plaintes aigres de la brise de mars qui soufflait ce
soir là. Pourtant, malgré ces riantes promesses, une mélancolie était au
fond de mon cœur, l'étreignant secrètement ! mélancolie de ce qu'on
laisse, de ce qui (ait la vie de chaque jour : travaux, habitudes, affec-
tions, tristesse même... chaîne à laquelle notre moi est rivé par de si
puissantes attaches ! Heureux de la briser pour un temps et de
s'échapper, il souffre cependant de cette rupture. L'inconnu donnera-t-
il les joies promises? Nos curiosités seront-elles satisfaites ? Les choses
de demain combleront-elles le vide fait tout à coup par l'absence des
choses d'hier ? »

  N'est-ce pas déjà la plume qui écrira plus tard que penser c'est :
                 Anéantir le mythe de la joie
            Dans les roses glisser pour l'âme, noble proie,
            Le venin qui corrompt ou le serpent qui mord,