page suivante »
460 MADAME AXTOXIA BOSSU qui a tracé ce début d'une relation de voyage où l'auteur se révèle observatrice avisée et artiste éprise de toutes les beautés et de tous les pittoresques ? Camille Roy, qui fut un des amis de la première heure, un de ceux qui de leurs conseils, de leur influence ont le plus fait pour l'éclosion et la diffusion du talent de M1™ Bossu, remarque que c'est en 1891, au moment où mourait Soulary. que ce talent se dessina, comme si un appel mystérieux du maître avait fait jaillir au jour le poète vivant, mais caché encore en elle. C'est quelques années plus tard, vers 1893, que, tout jeune débutant dans la littérature, nous reçûmes un mot aimable, d'une (ïère et élégante écriture, qui nous disait avoir remarqué nos vers et exprimait le désir d'une connaissance. Je voudrais vous peindre M mc Bossu telle qu'elle se révéla pour nous lors de cette première entrevue. Grande, forte, très brune, la physionomie mobile, l'œil vif, scrutateur sans le lorgnon, sans l'ombre de pose, bien qu'elle fut, sinon célèbre, du moins déjà très connue, elle nous apparut alors comme un être tout vibrant d'enthou- siasme, éprise au plus haut point d'art et de poésie, mais marquée déjà de cette tristesse que ressentent presque toujours les âmes nobles au contact des petitesses de la vie. Une active collaboration à un certain nombre de revues et de feuilles lyonnaises, de nombreux succès au Caveau lyonnais, à la Lice chan- sonnière, au Caveau Stèphauois (premiers prix remportés haut la main) avaient, nous venons de le dire, signalé son nom au public : depuis cette époque, cela a été une constante marche en avant, sans arrêt, sans défaillance. L'Express, le Passe-Temps, le Tout-Lyon, la Revue Slépha- noise, publient souvent de ses vers, mais clic se réserve surtout pour la Revue du Siècle où on remarquait ses fines et bienveillantes biblio- graphies, ses portraits si fouillés d'écrivains, tel celui de Pierre de Bouchaud, de M mc Sari-Flégier, ses impressions d'un style élégant, d'une sensibilité charmante, ses nouvelles émues. Il y a là les éléments d'une œuvre considérable. Nous savons que des mains pieuses s'occu- pent à les réunir et que, joints à ceux qu'elle cachait encore pour les soumettre aux perfectionnements du travail discret et continu, ils constitueront un beau monument littéraire. La prose de M me Bossu a toutes les qualités de la poésie, « Même quand l'oiseau marche, on sent qu'il a des ailes », l'harmonie, la grâce, l'abondance des images. Nous ne lui ferons même que le