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330 JOANNY DOMER de la philosophie de l'histoire. Mais ces figures sont si bien drapées par l'air vaporeux qui les entoure, leur coloris est si doux, si calme, que c'est comme une vision divine qui vous captive, toute baignée dans une brume impalpable que poudre d'or la lumière de son ciel étincelant. Avant tout, il faut reconnaître que Domer ne s'est jamais répété dans ses grandes œuvres qu'il a toutes marquées d'une originalité propre. Avant de se consacrer uniquement à la décoration, Domer s'était essayé longtemps dans la fleur et la peinture de genre. Mais bientôt son caractère l'emporta vers les grandes compositions. Il quitta la peinture de genre, déserta le Salon et se fit plafonnier. Mais quel « plafonnier » ! Quel déco- rateur et quel penseur ! On a pu critiquer son dessin ; certains ont insinué qu'il obéissait plus à sa fantaisie qu'aux exigences étroites de la ligne. Quel artiste n'a eu ses détracteurs ? Mais tous, cri- tiques et amateurs d'art, ont rendu un hommage éclatant à la fraîcheur de son coloris, à la vigueur particulièrement originale de sa facture. Domer « peignait au plafond », ce qui explique sa ner- vosité de pinceau. En effet, ses grandes scènes de la mytho- logie qui figuraient au plafond de Bellecour, qu'on admire encore au Grand-Théâtre, aux Célestins, au Casino, ces cycles héroïques animés par son pinceau vigoureux, ne peuvent être descendus du ciel où le maître les a gravés, pour être appliqués ailleurs, au caprice d'une décoration nouvelle. C'est la grande vision entrevue dans une nuée déchirée. Par un hasard habilement ménagé, sans jamais rompre l'harmonie des lignes, ni l'unité de la conception, pour aider à l'illusion, au charme de la décoration, Domer sème