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                        JOANNY DO.MER                         3^1

ici, un amour rose, là, un génie grimaçant, une envolée
d'hirondelles ou de colombes, une pluie de roses entraînée
dans l'évolution des mondes. Dans ces vastes coupoles qui
semblent écraser l'artiste de leur immensité, Domer sait si
bien rythmer ses théories, enrouler leurs anneaux dans les
profondeurs infinies de son ciel qu'on croit y deviner tout
un monde, tant la grandeur de l'idée jaillit de la simplicité
des lignes et de l'étonnante variété des groupes.
   A Bellecour c'est le soleil et la vie, le chant de la Création ;
Apollon menant le divin steeple des Heures, entre l'Aurore
qui se lève et la Nuit qui s'enfuit. C'est la grande tragédie
du Monde.
   Aux Célestins, c'est la comédie d'Aristophane, symbo-
lisée dans un panorama grandiose, sous l'œil de la Minerve
antique.
   Au Casino, la Comédie et le Rire anacréontique avec
la chanson des Amours.
   Domer est tout un dans ses conceptions et toujours son
sujet s'adapte merveilleusement à la salle qu'il décore.
   En vingt ans il a semé Lyon d'œuvres qui rempliraient une
vie tout entière, sans parler des tableaux que l'artiste égrena
sur sa route et des peintures décoratives qu'il exécuta au
dehors : à Menton, dans la salle à manger de l'Hôtel des Iles-
Britanniques ; à Nice, dans la villa Carlone, à la princesse
Romanoff; à Aix-les-Bains, dans la salle des jeux du Cercle,
où s'étalent huit magnifiques panneaux exposés à Lyon en
1884, à l'Exposition des Arts décoratifs; au Musée de New-
York ; à la Motte-Servolex, chez M. le marquis Costa de
Beauregard, qui possède deux grandes compositions histo-
riques sur les fastes de la Savoie et dont les études figurèrent
à la vente des œuvres de Domer, après la mort du peintre ;
chez le comte d'Osmoy; dans l'église de Villeurbanne, près