Revue du Lyonnais » série 5 - n°29 ( 1900 ) » pp.329

                        JOANNY DOMEK                         329
le Domer caché jadis tout en haut du Chemin-Neuf, dans
cette tour qu'avait habitée Paul Chenavard, où était mort
l'excellent peintre Guichard, le regretté directeur des Beaux-
Arts, à Lyon, cette tour aux grandes baies ouvertes devant
les larges horizons, avec, au loin, les Alpes dentelées de
neige.
   Domer dut quitter son nid d'aigle. Sa santé, ruinée par
le travail, le forçait à redouter les côtes; il s'installa rue de
la Bourse, 55, conservant son atelier du quai Pierre-Scize;
puis, sur le quai de l'Archevêché, au n° 17, où la mort
vint le prendre et l'arracher au grand art et à ses amis.




                   Å’UVRES DIVERSES

LES DÉCORATIONS DE LA PRÉFECTURE ET DE L'HÔTEL DE VILLE



   J'ai parlé de Domer intime, de l'homme si bon, si indul-
gent parce qu'il était plus parfait dans son art, j'ajouterai
même si peu connu ; car Domer ne s'ouvrait pas à tous et
réservait à quelques amis seulement le charme de son
intimité.
   Que dire du Maître ? Que dire de cette œuvre puissante
où tout révèle le penseur et le philosophe, où il y a une
telle harmonie dans les conceptions qu'il semble que ses
envolées de héros glissent comme dans un ciel entr'ouvert
sans effort par le souffle du génie ! Les figures, largement
tracées, y sont d'une souplesse, d'une ampleur et souvent
d'une hardiesse merveilleuses. On y sent partout une étude
profonde de la vie, une science absolue du cœur humain et