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284              LES PÈLERINS DE BRETAGNE

coutume, une habitude prise par les générations depuis de
longs siècles ; une tradition religieuse pouvait seule imposer
ainsi des coutumes et des obligations. Nous allons recher-
cher quelles pouvaient être ces coutumes et cette tradition.
   Nous nous sommes posé cette question : « Par quel che-
« min les premiers hommes de la famille humaine actuelle
« sont-ils arrivés dans les contrées centrales de la France ? »
   L'opinion générale est que l'homme a suivi les littoraux
de la mer, les rivages des rivières, qu'il traversait ces rivières
ou même qu'il en remontait le cours au moyen de radeaux,
en un mot, que les premiers immigrants traversèrent les
continents par les plaines et les plateaux à basse altitude.
Ce raisonnement nous paraît être celui de l'homme civilisé,
qui voit aujourd'hui les plaines basses sillonnées de chemins
et de routes, mais il ne nous paraît pas exact si l'on se
reporte à l'époque où l'Europe habitée par l'homme qua-
ternaire désigné sous le nom de solutréen ou magdalénien
était sur le point d'être envahie par la famille humaine
actuelle.
   Les littoraux des mers, les rivages des rivières, à l'époque
qui nous occupe, étaient un chemin difficile à parcourir;
la construction d'un radeau pour franchir une rivière, in-
dique un commencement de civilisation, une sorte de
science et de pratique industrielle peu en rapport avec une
société rudimcntaire.
   Tandis qu'au contraire, par les sommets, par les lignes
de faîte des horsts ou vorlands granitiques, la route, si elle
était plus longue, était bien plus commode et présentait
beaucoup moins de difficultés qu'on pourrait le supposer.
   Dès le début de nos recherches sur les monts du Lyon-
nais et du Beaujolais, nous avons pu satisfaire notre curio-
sité en ce qui concerne le chemin suivi par les premiers