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282               LES PÈLERINS DE BRETAGNE

il faut se tenir en garde contre les légendes. Un vieux
paysan parla dans les mêmes termes, et sur un ton qui
n'admettait plus le doute sur la véracité de la croyance ;
donc, c'était une tradition locale; il y avait lieu de l'exa-
miner plutôt que de la repousser de parti pris.
   Dès le soir même, sur une modeste carte de France divi-
sée par bassins, de Drioux et Leroy, nous constations que
la ligne de faîte la plus directe et aussi la plus courte entre
la Bretagne et les Pyrénées passe entre les monts du Niver-
nais, du Morvan, du Beaujolais, du Lyonnais, des Cévennes,
la Montagne Noire, les Corbières, et va rejoindre, la ligne
des Pyrénées continentales, au pic de Cortelo, entre le col
de la Perche et celui de Puymarius.
   Une autre ligne de faîte, partant des monts de la Bre-
tagne, suit les collines du Maine, du Bocage, le plateau de
Gatine, les monts du Poitou, ceux du Limousin, d'Auvergne,
ceux de la Marguerite et vient se souder vers le mont
Lozère, à la chaîne des Cévennes, soit à la ligne centrale
de faîte ci-dessus décrite ; mais la ligne de faîte passant par
les monts du Lyonnais n'en reste pas moins la plus directe,
et, partant, la plus courte.
   Les cartes géologiques démontrent que cette dernière
ligne, plus que celle passant par le plateau de l'Auvergne,
est une chaîne presque continue de roches granitiques émer-
geant en sommets ou plateaux à travers la France. En tous
cas, cette ligne peut être considérée comme une suite de
Horsts ou Vorlands ( i ) , à peine interrompus par des ter-
rains sédimentaires.
   Le corps de l'apôtre saint Jacques le Majeur, trouvé par


  (i) Points stables avant résisté aux derniers mouvements orogé-
niques.