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126                 FRANCISQ.UK BOUILLIER

moins remarquable par la force et l'enchaînement des pen-
sées, la justesse des analyses et la vigueur du style. M. Bouil-
lier y combat avec une grande autorité les doctrines moder-
nes du phénoménisme, qui tendent à nier l'unité et la per-
sonnalité de la nature humaine, et à ne voir dans l'âme
qu'un simple agrégat d'états ou de phénomènes changeants.
Il leur oppose l'unité indéfectible de la conscience, unité
vivante où tout se concentre et se fond, comme des rayons
de lumière en un même point lumineux. Il traite ensuite
la question de savoir si la conscience doit être admise en
psychologie comme une faculté spéciale, suivant la doctrine
de l'école écossaise admise par Royer Collard, Jouffroy et
Garnier. Il montre que cette thèse ne résiste pas à l'épreuve
de l'analyse expérimentale et il la combat victorieusement
avec Cousin et Stuart Mill. Sa puissante démonstration sur
ce sujet a été tout à fait concluante et on peut dire qu'elle
a clos le débat. Il a clairement établi que la conscience n'a
pas un domaine qui lui soit propre et qui soit distinct des
autres facultés. Elle ne préside pas à un ordre particulier de
faits psychologiques, elle se mêle, au contraire, à tous, et
il n'y en a aucun qui échappe à son empire. Elle est liée à
l'unité de l'âme dont elle est le centre ; elle est une loi
fondamentale de notre nature qui s'étend à tout mode de
l'esprit, à toutes les opérations organiques et même aux
premières manifestations de la vie.
   La conscience en morale apparaît à M. Bouillier comme
la forme la plus accentuée et la plus haute de la conscience,
cet attribut essentiel de la personnalité humaine. L'homme
ne peut avoir le sentiment de ce qu'il est sans avoir le senti-
ment de ce qu'il doit être. La conscience étant la science intime
et immédiate de nous-même renferme par là même la règle
de ce qui convient ou ne convient pas à notre être, ou plu-