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                    FRANCISQUE BOUILLIER         •          127

tôt elle est cette règle même. C'est là que la morale a sa
racine; elle sort ainsi des entrailles mêmes de la nature
humaine, et elle est établie par la méthode expérimentale
la plus rigoureuse, sans qu'il soit besoin de recourir à aucune
spéculation transcendante. Cette preuve ainsi faite, l'auteur
donne à cet élément moral une importance tout à fait pré-
pondérante, et il en fait la condition du perfectionnement
de l'individu, comme celle du progrès des sociétés. Le bien
moral, ou la vertu, est pour lui le seul bien absolu, les biens
matériels ou même les biens intellectuels ne sont que des
biens relatifs; ils peuvent même dégénérer en maux véri-
tables lorsqu'ils se séparent de la vertu, qui peut seule
préserver l'individu comme la société de la corruption et de
la déchéance.
   Les belles théories morales de M. Bouillier doivent par-
ticulièrement appeler notre attention, car elles se relient
intimement à ses idées en matière d'enseignement et à la
direction de sa vie. Il les a reprises et développées avec plus
de force et d'ampleur dans son livre intitulé : Morale et
progrès publié en 1873. Elles avaient déjà fait l'objet de
deux publications, l'une sur les limites de la perfectibilité en
1849, et l'autre sur la querelle des anciens et des modernes
en morale, en 1869.
   Le progrès lui apparaît, au regard des puissances de
l'homme, comme la faculté par exemple; au regard de sa
liberté, il est le premier des devoirs. Travailler à son pro-
pre perfectionnement et à celui des autres, c'est le devoir
suprême qui comprend tous les devoirs de la morale indi-
viduelle et de la morale sociale. Il détermine avec une
profonde analyse, les conditions du progrès, et il fait
justice de toutes les fausses doctrines, de toutes les chimè-
res relatives à un progrès indéfini, illimité, qui conduisait