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78 CHRONIQUE DE DÉCEMBRE 1 8 9 9 * * * C'est là que vécut pendant les longs mois de bombarde- ment Nestor Massait, qui devait plus tard, pendant de longues années, faire les délices des abonnés du Grand- Théâtre de Lyon et qui vient de succomber à Bruxelles. Le souvenir de Massart restera longtemps vivant dans le monde du Grand-Théâtre. Cette année, notre troupe est vraiment remarquable. Le 6 décembre, nous avions une excellente reprise de Sigurd. M. Scaramberg met beaucoup de décision dans le personnage de Sigurd. Mme Fœdor joue avec goût et avec style le rôle si écrasant de Brunehild. Mondaud prête au roi Gunther une physionomie bien personnelle. Le 21 décembre, reprise de Lohengrin. Mrac Tournié déploie toute son intelligence et toute son habileté pour rendre avec élégance le rôle de la poétique Eisa, confié par tradition à une soprano dramatique. M. Scaramberg prête au Chevalier du Cygne sa voix chaude et nerveuse et détaille avec un sentiment très pur les mélodieuses cantilènes de la chambre nuptiale. Mondaud donne au traître Telramund une heureuse physionomie. Enfin, l'année se ferme sur la première de Cendrillon, ce charmant conte des fées de Perrault, mis à la scène par M. Caïn et confié pour la musique à Massenet, qui nous montre sous une forme nouvelle son talent si souple et si fécond. Après le lyrisme â'Hérodiade et du Roi de Lahore, après les élégances raffinées de Manon, après les fantastiques envolées â'Esclarmonde, après les âpres tourmentes de Wer- ther, voilà un aimable conte de fées, d'un charme très enve- loppant dans sa poétique et archaïque simplicité. Massenet a voulu se montrer sous un jour nouveau, par coquetterie,