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28              UN CONFLIT D'HONORÉ D ' U R I ' Ù

au bailliage de Forez, et le requérait de se transporter à
Chàteaumorand, pour y recevoir la plainte de Diane, et
informer contre une grosse troupe de soldats qui avaient
tenté de surprendre le château, et vivaient à discrétion sur
le pays, en commettant toutes sortes de rapines. Le prévôt
se mit en route à deux heures de l'après-midi avec Aimé
Brun, son lieutenant, Antoine Boullon, commis de son
greffier, et douze archers. Il arriva le dimanche matin, sur
les six heures, à Chàteaumorand, où il trouva Diane éplorée.
   Sans trop s'arrêter à ces gémissements de femme, la
Chaize monta au bourg de Saint-Martin-d'Estreaux, où
les gens d'armes avaient établi leur quartier général, et qu'ils
avaient couvert de barricades. Sa mission était bien malai-
sée parmi cette soldatesque animée de toutes les passions de
M. de Saint-Geran, son chef, et qui faisait même difficulté
d'entr'ouvrirles barrières devant le représentent de l'autorité
royale. Le comte de Saint-Geran était au château de Lalière,
entouré de sa garde ; le prévôt alla l'y trouver, lui parla avec
fermeté, et risqua même une légère ironie, demandant si la
France avait pour lors quelque guerre sur les bras. Il ramena
M. de Saint-Geran au bourg de Saint-Martin, où venait
d'arriver Christophe Harenc, sieur de la Condamine, envoyé,
lui aussi, aux informations par M. de Saint-Chamond, lieu-
tenant du roi au gouvernement du Lyonnais. Chemin
faisant, M. de la Chaize essayait de parler raison à Saint-
Geran ; mais' celui-ci répondait par des injures grossières
contre Madame de Chàteaumorand, et des menaces contre ses
officiers, jurant que si l'un d'eux osait se présenter devant
lui, il ne s'en tirerait pas à moins de cent coups de bâton !
   Le prévôt, tout en faisant des remontrances quand il
trouvait moyen de les placer, patienta jusqu'au lendemain,
où fut célébré le service de quarantaine, qui marqua la fin