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                     AVEC M. DP. SAIXT-GERAN                          29

du désordre et la dispersion des gens de guerre. Il put alors
s'installer à son tour à Saint-Martin-d'Estreaux, à Y Image de
Notre-Dame, et commença une enquête où déposèrent près
de cinquante témoins, gentilshommes, officiers et domes-
tiques de Châteaumorand, hôteliers, marchands, laboureurs
de Saint-Martin et des villages voisins. Si on ajoute à cette
grande enquête les procès-verbaux des informations qui
précédèrent et suivirent, on connaîtra très bien les prouesses
accomplies par M. de Saint-Geran et ses braves. Rien ne
serait plus fastidieux que de dérouler cette longue série d'ex-
torsions et de violences, faits coutumiers de soudards lâchés
sur un pays. 11 suffira de raconter quelques incidents de cette
étrange expédition.
   Le jeudi 7 novembre 1613, vers le coucher du soleil, on
fut bien surpris de voir paraître dans la direction du Bour-
bonnais, sur la grande route de Paris à Lyon, plusieurs cen-
taines de gens de guerre armés d'arquebuses à rouet, de
pistolets, de hallebardes et d'épées. Ils étaient commandés,
comme on le sut bientôt, par le comte de Saint-Geran, capi-
taine avoué de la bande, par M. de Chitain, son frère, et
par des gentilshommes de leurs amis, La Bâtie, Gondras,
Vertpré, Moussât, La Mollière, Bellenave, etc. Mais le gros
de la troupe était un ramassis d'aubergistes et de boutiquiers,
surtout du Bourbonnais (1), que beaucoup reconnaissaient
pour les avoir rencontrés dans les foires et marchés ; petites
gens qui, en tout autre occurrence, auraient salué bas Mon-
seigneur d'Urfé et Madame la baronne de Châteaumorand,
mais qui prenaient un air de morgue sous leurs casaques,



  (1 ) De la Palisse, de Jalignv, de Chaveroche, de Châtel-Montagne, etc.
On en cite aussi de Crozet et de Saint-Haon dans le Roannais.