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                        N0TES ET SOUVENIRS                            363
   Claude Sourd (1718-1756) était allé, selon une coutume tradition-
nelle chez les Lvonnais, tenir la foire de Beaucaire. Mais, contrairement
à ses habitudes, au lieu, la foire une fois terminée, de remonter à Lyon,
poussé par son esprit aventureux, Sourd chargea ses marchandises sur
un bateau en partance pour Marseille. A peine en pleine mer, le vais-
seau fut saisi par une violente tempête, longtemps ballotté, et enfin jeté
sur les côtes barbaresques. Il allait être pillé par les indigènes, lorsque
Sourd eut l'idée, pour sauver ses marchandises, d'en offrir quelques
échantillons choisis au chef de cette horde. Celui-ci flatté de cette
attention accepta le présent, sauva la cargaison, et même l'acheta tout
entière à son propriétaire, qu'il rapatria quelques temps après. Il
demeura avec lui et ses descendants en relations commerciales, jus-
qu'en 1854, date où le chemin de fer amena la ruine de la foire de
Beaucaire.
   C'est la scène de l'hommage rendu par Claude Sourd au chef maure
que l'enseigne a reproduite et perpétuée.
   Cette enseigne remarquable, les membres de la famille Sourd avaient
dès longtemps formé l'intention d'en doter le Musée de Lyon. Elle a
été enlevée tout dernièrement de la façade de la maison qu'elle ornait
et qu'on est en train de démolir. Nous ignorons si déjà le Musée l'a
reçue ; mais nous pouvons affirmer que si le don n'en a pas encore été
fait, il ne tardera pas à l'être.
   Là, ce vestige d'un vieux commerce local, à l'abri dé toutes dégra-
dations, pourra longtemps encore attirer l'attention des Lyonnais.

   La curieuse enseigne qui vient d'être déplacée n'a point
été recueillie parle Musée. L'Administration, pas plus que
la Société du Vieux-Lyon n'ont donné signe de vie en cette
circonstance. On aurait donc eu à regretter la perte de
cet intéressant vestige, si le nouvel acquéreur de l'immeu-
ble démoli, M. Bussy, n'avait pris soin de lui assurer un
asile. Désireux de conserver le souvenir d'une indus-
trie localisée autrefois dans le quartier, ainsi que les tradi-
tions laissées partme famille si honorablement connue pen-
dant près de trois siècles, il a fait encastrer l'enseigne de la
poterie Sourd dans le mur d'une terrasse contiguë au petit