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                         AUGUSTE BRIZEUX                   127

prétexte à tous les incidents, pardons, pèlerinages, tem-
pêtes, voyages, qui nous peignent les Bretons dans leur vie
l'ude et patiente, simple et naïve, religieuse avant tout.
   Brizeux et d'autres avec lui ont parlé d'épopée, à propos
des Bretons. Mais il ne pouvait être l'Homère de la Bre-
tagne, et on ne doit voir dans son poème « ni une épopée
légendaire, ni une épopée héroïque », comme le fait remar-
quer M. l'abbé Lecigne. Il ne faut y reconnaître qu'un
poème descriptif, doublé d'un roman, Les travaux et les jours
de la Bretagne, suivant l'heureuse expression de Charles
Magnin.
   « Brizeux a été l'Hésiode ou le Walter Scott de sa patrie.
A son appel, les voilà qui apparaissent en foule, les recteurs,-
les fermiers, les fermières, les pêcheurs, les conscrits, Loïc,
Liiez, Anna, Hélène, Hoël, Mor-vran, bardes, aubergistes,
marchands, commères, tout un peuple. Y a-t-il un des
traits bretons qui leur manque ? Regardez : croyants et
pieux, c'est le fond de la race ; durs au travail, il le faut
bien, l'âpreté du sol les y a contraints ; naturellement
poètes, avides de merveilleux, avec je ne sais quoi de ten-
drement rêveur, comme tous les peuples chez lesquels
prédomine l'imagination ; mélancoliques surtout : leurs
chants de joie eux-mêmes finissent en élégies ( i ) . » Les
Bretons de Cornouailles, ceux de Léon, ceux des îles revi-
vent dans le poème de Brizeux, avec leur physionomie
particulière et leurs mœurs spéciales.
   Déjà, sans doute, dans Marie, le lecteur avait vu passer
sous ses yeux les enfants traversant les genêts et les
chemins creux pour se rendre au catéchisme,



  (1) Lecigne, p, 359.