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106                LA CHÂSSE A L'ABONNÉ

une marchandise dont le commerce ne s'est jamais pu
défendre et qui tient cela de la nature des torrents qu'il
se grossit par la résistance. »
   La Presse, — aujourd'hui, — ne peut plus être comparée
à un torrent, mais bien à un fleuve débordant, à une mer
envahissante.
   Quarante mille journaux pour le monde entier, voilà où
nous en sommes à l'heure actuelle.
   Et ce n'est pas fini !
   Le journal est devenu le pain quotidien de l'existence
morale, — et quelquefois immorale, — des peuples, et, de
ce pain-là, chaque année en voit augmenter les fournées :
pourvu que cela ne finisse pas par un étouffement général !
   Une statistique obligeante vient d'établir que 17.000
journaux se publiaient en langue anglaise, 7.500 en
allemand, 6.800 en français, 1.800 en espagnol, 1.500 en
italien.
   Cinq à six mille journaux se partagent les autres idiomes.
   Dans cette statistique, je suis surpris de ne voir figurer
ni les journaux publiés en volapùk, ni ceux qui, — chez
nous, — sont rédigés dans une langue nouvelle que personne
ne comprend, — pas même ceux qui s'en servent ! — et
contre laquelle le bon sens et le sens commun finiront
peut-être par s'insurger.
   Paris, — à lui seul, — présente deux mille publi-
cations périodiques.
   Dans cette avalanche de papier noirci, la politique est
représentée par cent soixante organes clamant en choeur du
matin au soir et du soir au matin :

       // nous faut du nouveau, n'en fût-il plus au monde!

  Vous représentez-vous l'accueil qui serait fait aujour-