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                      AUGUSTE BRIZEUX                        43

les dogmes finissent, arrachèrent du cœur du jeune breton
cette foi de sa mère, dont il devait peindre en un ravis-
sant tableau les souvenirs et les impressions lointaines :

     De ces jours de ferveur, oh! vous pouvez m'en croire,
     L'éclat lointain réchauffe encore ma mémoire ;
     L'orgue divin résonne en mon âme, et ma voix
     Retrouve vers le ciel ses accents d'autrefois,

alors que tout un peuple à genoux priait « le Dieu des
fruits et des moissons nouvelles » :

     Les voix montaient, montaient ; moi, penché sur ma stalle,
     Je subissais de Dieu la présence fatale :
     J'avais froid ; de longs pleurs ruisselaient de mes yeux,
     Et comme si Dieu même eût dévoilé les deux,
     Introduit par la main dans les saintes phalanges,
     Je sentais tout mon être éclater en louanges,
     Et noyé dans des flots d'amour et de clarté,
     Je m'anéantissais devant l'immensité ( i ) .

  Une fois ses croyances perdues, Brizeux put faire le
deuil de son bonheur évanoui, et Mgr Baunàrd eut un
chapitre de plus pour son beau livre, le Doute et ses victimes
au xix e siècle.
  « L'orgueil de la pensée,

     Qui n'accepte aucun frein, aucune loi tracée (2).

ne suffisait pa_s plus à l'âme du jeune breton que la liberté
conquise au soleil « des trois glorieuses ».


  (1) Marie.
  (2) Marie.