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OUVRIERS DU TEMPS PASSÉ )OI Le récit de la grève de 1539 est très attachant bien qu'il nous conduise dans le dédale des procédures échangées entre maîtres et compagnons. Au xvi c siècle, l'industrie typographique était, à Lyon, au dire du sénéchal (un des beaux trains et manufacture de ce royaume, voire de chrétienté) et le Roi devait déclarer qu' « il n'y a aujour- d'huy lieu en la chrétienté où il se fasse plus bel ouvrage, n'en plus de diverses sciences qu'il se fait audit Lyon, où une grande partie tant de notre royaume qu'autres pays ou provinces étrangères se fournissent de livres. » Or, au début de 1539, les compagnons imprimeurs « ont tous ensemble laissé leur besogne », le mot de trie ayant couru de bouche en bouche « pour lequel et incontinent après la prononciation d'iceluy ils délaissent leur ouvrage pour faire quelque débauche». C'était la grève qui était déclarée, avec un caractère coercitif, les compagnons mena- çant ceux qui n'abandonnaient point les ateliers de « les battre et mutiler et, en outre, de les expulser de la confrérie ». C'est la grève avec les désordres qu'engendre l'oisiveté, les compagnons errants par la ville « vagants et comme vaga- bonds », frappant « le prévôt et les sergents jusques à muti- lation et effusion de sang ». C'est la grève avec une organi- sation complète, l'enquête constatant que les compagnons se comportent « comme si étaient gens de nos guerres et ordonnances ». Quels sont les motifs de ce //7c ? Tout d'abord l'insuffi- sance des salaires : ceux-ci étaient en argent et en nature, le maître devant au compagnon « pain, vin et pitance ». Les plaintes des compagnons constatent que la nourriture est insuffisante par suite d'une économie poussée trop loin. En second lieu, ils se plaignent de ne pouvoir travailler à leur guise : un peu artistes et un peu bohèmes, ils avaient