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502              OUVRIERS DU TEMPS PASSÉ

des fantaisies qui les faisaient chômer les jours de travail
et les poussaient à besogner les jours de fêtes ; enfin, le
trop grand nombre d'apprentis cause première de leur mécon-
tentement.
   A ces réclamations, que répondent les maîtres impri-
meurs ? Ils font d'abord ressortir que tout ce grand mouve-
ment est mené par une minorité : la plupart des compagnons
« voudraient faire leur devoir et besogner » mais ils n'osent.
Quant à la nourriture, ils déclarent qu'ils préfèrent ne pas
la fournir vu qu'il y a des compagnons qu'on ne peut
absolument pas contenter. Et ils offrent l'équivalent en
argent. Nous savons seulement quel salaire touchaient les
compositeurs : ils recevaient 6 sols, 6 deniers tournois par
journée de travail, ce qui correspondrait à un salaire actuel
de 5 francs. Les compagnons, à l'offre des maîtres, opposent
un refus très sensé : ils déclarent que s'ils allaient prendre
leurs repas hors de l'atelier « si leur serait donné occasion
d'eux débaucher allant ainsi vivre par tavernes». Puis, il
leur serait impossible de se trouver tous à l'atelier à la
même heure et le travail en souffrirait.
   La grève réduisit les compagnons à la misère : les
recteurs de l'Aumône générale constatèrent une considérable
recrudescence de secours à distribuer. Aussi était-il temps,
lorsque, le 31 juillet, le sénéchal rendit sa sentence entre
maîtres et compagnons. Il commence par interdire les
réunions de plus de cinq personnes, et par supprimer les
droits de coalition et de grève sous peine de bannissement
et d'amende arbitraire. Il défend, en outre, le port d'armes
et condamne toute atteinte à la liberté du travail. Au sujet
des apprentis il déclare qu'il sera loisible d'en prendre et
d'en faire travailler autant que bon semblera et seuls les
maîtres auront le droit de les corriger.