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UNM VIS1TK AU SALON DK BKLLKCOUR 327 nuages s'amonceler : il y a dans l'air la menace d'un malheur. Fuyons pour nous retrouver en plein siècle de lumière auprès des Usines à ga^ de M. LAMBERT. Sous un ciel fantastique, diapré de nuages rouges et bleus, les énormes tours noires des gazomètres se dressent, grosses de mystère. Les rails et les fils électriques d'une voie ferrée semblent placés là comme une barrière de défense et si quelque ombre des siècles passés surgissait pour interroger le garde qui passe avec sa lanterne, celui-ci pourrait créer de toute pièce la légende d'un fée Lumière, emprisonnée dans vin cachot dé fer et gardée par de noirs charbonniers. M BONNARDKL, nous offre un affligeant spectacle : Le berceau vide. Pourquoi devant cette scène qui devrait amener les larmes aux yeux, le premier sentiment est-il un besoin d'analyse ? C'est qu'au moment douloureux qu'a représenté l'artiste, le berceau n'est jamais vide, il y reste les larmes- et les baisers de la mère, il y reste les regards éperdus du père, tandis que M. Bonnardel nous montre une couchette à peine dérangée ; la mère est tombée à côté, mais dans un abandon presque gracieux ; le père est tout près, assis et la tête inclinée, mais dans une attitude tenant plutôt de l'extrême lassitude que du morne désespoir. Et pourtant le deuil ne date pas d'une heure, puisque sur une chaise, le cierge funéraire brûle encore, à côté du rameau béni de la dernière aspersion. Quelle distance entre ce tableau et le chef-d'œuvre de réalisme qu'on admirait l'année dernière dans les Commères du même auteur ! Bethléem de M. RAYNAUD, tableau simple et joli comme un Ave Maria, où tout est bleu, avec un horizon rose entrevu à travers les branches des arbres qui limitent le petit enclos. Près du puits, la Vierge Marie transverse de l'eau dans une.amphore, à quelques pas, l'Enfant-Jésus,